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l18 ii LETTRES MISSIVES

à leurs despens. Je scay, Monseigneur, quels ont esté vos premiers arrests et jugemens contre la Ligue quand ils estoient libres, premier que la force et la collusion eussent gaigné sur eux. Le changement qui s’est veu depuis, il me seroit 1nal-seant de Yattribüer à vostre volonté. Je l’impute, Monseigneur, à la violence des perturbateurs de cest Estat, et de leurs adherensi et tout le progrez qui s’en est ensuivy, ousuivra cy aprés, Vostre Majesté trouvera bon que ja l'interprete en mesme sens, comme procedant evidemment de mesme cause. J’ay veu aussi, Monseigneur, la declaration du Pape contre moy. Ainsi en fit son predecesseur Jules II, quand le roy Louis XII, vostre predecesseur, le sollicita de tenir un concile pour la reformation des abus en l’Eglise. Il exposa son Royaume en proie, et delivra de serment tous ses subjects. Lors le roy mon bisaîeul, qui s’estoit — adjoinct au roy Louis en ceste saincte intention, luy fut aussi joinct en la proscription que publia le Pape ; sous pretexte de laquelle, le roy Ferdinand d’Espagne se saisit violemment de son Estat2. Et mesme hasard couroit le roy Louis s’il eust eu voisin assés puissant pour Tentreprendre. Le peuple françois, mesmes le clergé, ne s’esmeurent point de ces vents-là. Ils sçurent bien alleguer que ce Royaume ne dependoit poinct des loix du Pape ; qu’il n’avoit que voir en cest Estat ; mesmes que l’Eglise Gallicane n’avoit a le recognoistre que pour l’ordre. Et fut tenu un concile à Pise, non sous luy, mais contre luy, où furent examinées et condamnées ses actions. De moy, Monseigneur, je ne suis au temps, et n’y veulx estre, que j’aye à debattre, si le Pape me peut debouter de la succession de ce Royaume ou non. L’inte1 est de ceste desclaration vous touche proprement, et de plus prés ; qui devés penser s’il est à propos, vous vivant et en fleur d'aage, qu’un Pape s'ingere au gouvernement de cest Estat, et à decider vostre succession, chose que nul onc de vos predecesseurs n’a tolerée ; chose que vos courts de parlementet le 'clergé de ce Royaume ont de tout temps debattuë et combattué ; chose qui va plus avant et qui sert de marche et de degré pour un plus hault “ Voyez ci-dessus, lettre du S1 décembre‘1.583, I"', noted.