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H10 LETTRES MISSIYES raison ai changement, pourroient estre occasion d’une ferme paix en ce Royaume, d’une solide reünion à l’Eglise Catholique, par le prejugé de leurs personnes, et d'un siecle plus heureux, non à ce Royaume seulement, qui seroit un gain inestimable, mais à toute la Chrestienté, et à toute l’Europe, qui se ressent necessairement des miseres et ca- lamités d’un si puissant Estat.

C'est, Mess"3 l’_oll’re que _i’ay laicteau Roy mon seigneur, que je vous repete en la presente, et dont je vous appelle à tesmoins vers — tous qu’il pourra appartenir, ann qu’il soit evident, et à ceux qui vivent maintenant, et à la postérité, qu’il n’a point tenu à moy que cest Estat ne lust paisible, aussi peu, que l’Eglise ne fust ramenée en sa pre- miere union, paix et tranquillité. Car, quant à ce qu’on allegue contre moy, que je suis heretique, i c'est à vous, Mess"2 à leur apprendre (de vous aussi je l’ay appris) qu’il y a grand' difference entre heresie et erreur ; que tous ceux qui tiennent une heresie ne sont pourtant heretiques ; qu’heretiques sont ceux proprement qui precedent par ambition ou par opiuiastreté ; opiniastreté qui ne peut tomber en moy, qu’on n’a jamais pris la peine ' d’enseigner, qu’au contraire on a voulu rebuter par tous moyens, ne m’alleguant pour toute raison que vive force ; ambition, aussi peu, qui ay renoncé au grand chemin de la grandeur, qui m’estoit ouvert par la religion Catholique Romaineuet aypris le contrepied, le chemin de persécution et de disgrace, perseverant constamment en celle qu’on, appelle et que _i’estime Reliormée. Mais quand mesme ainsi seroit, c’est contre l’erreur et l'heresie que s’assemblent en l’Eglise les conciles ; c’est pour guerir les malades que se font les consultations ; le chirurgien ne vient au fer ny au feu que quand ses emplastres sont trop foibles. C’est un argument de pas- sion toute evidente de commencer la conversion par la subversion, et Yinstruction par la destruction, par Textermination et par la guerre, U qui doit commencer par la fraternité, Yadmonition et la douceur. Il ne sufiit d’alleguer que le concilede Trente ait esté tenu, qui ' ait condamné la Religion en laquelle je vis, qu’ils appellent heresie.