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DU ROI DE NAVARRE. l39 d’eux oude moy ouvre 'un plus beau chemin pour reunir l’Eglise, et - lever le schisme qui depuis un si long temps nous met en peine. J’ay esté nourryi en une religionique j’estime saincte et vraye ; et, que j’en fasse profession de cœur, n’est'besoing de tesmoignages.; aultre— ment j’eusse bien sceu esviter tant de maulx qu’il m’a fallu soullrir, ‘ auxquels naturellement on ne prend pas plaisir. Aultrement aussi j’eusse bien sceu mesnager la bonnegrace du Roy et la bien—vueillance de son peuple, que aprés la faveur de Dieu je cognois nfestre trés utile et desirable. Estant tel, Mess", il est par trop dur, et m’as sure quelle jugerés ainsi, de requerir que sans aultre forme j’aban— . donne ma Religion, et fasse force à ma conscience et à mon ame. Et quand je serois si miserableque de me forfaire en telle sorte, à bon droict serois—je accusé de peu- de conscience, à bon droict vous des— _ lieriés vous de moy en toutes choses, qui aurois manqueà ce que j’estimerois debvoir a Dieu, au jugement de mon ame propre. Ce qui raisonnablement se peut requerir de moy, c’est, à mon advis, ce que j’ai ja volontairement ollert, et que tous les jours encore j’ofl’re. C’est, Mess", d’estre instruict en un concile libre et legitime, ou les controverses meuës au faict de la Religion soient bien debatuës et decidées, et d’acquiescer, a ce qui en sera dict ; voye, comme vous savés trés bien, pratiquée de tout temps en l’Eglise en pareil cas, `et par les plus sages roys et empereurs du monde ; voie par vous,‘*‘ Mess", conseillée aux roys predecesseurs, moyennant laquelle vous avés sceu maintenir contre plusieurs usurpations lesiprivileges et droicts de l’Eglise gallicane ; voie, en somme, que l’Eglise en sa plus grande vertu, n’a onc refusée pour reduire peu de gens de basse con- dition, mesme un seul homme, en son giron ; et que beaucoup moins doit-elle ou rejeter aujourd’hui ou recuser, qu'il est question i de plusieurs millions d’ames, de villes entieres et de grandes pro vinces, d’un nombre infini de gens qualihez, mesmes des premiers princes du sang et des plus proches de la Couronne, qui ne peuvent, pas estre ny forcez qu’a toute peine, ny exterminez qu’en la ruine Q de l’Estat, et qui, au contraire, s’ils sont une fois persuadezj par la i i. 1S. i