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DU ROI DE NAVARRE. 129 requerir de moy, qu°à leur appetit je force ma conscience. Mais je me suis soumis à un concile, que j’ay prié Sa Majesté de moyenner, promettant d'acquiescer à ce qui y sera dict. Ils proposoient aussi quelques griefs touchant l’administration` de cest Estat ; je m’en suis remis à une assemblée des trois Estats, selon les statuts de ce Royaume, quand lil plaira au Roy mon seigneur la convoquer. Au reste, Monsieur, de ce qu'ils pretendoient contre mon particulier, pour oster Sa Majesté de peine, je l’ay requise tres instamment de nous laisser demesler ceste querelle, ou de leurs forces aux miennes, ou, pour abbreger la misere du peuple, de ma personne àcelle du sieur de Guise, ou de plus à plus, comme il voudra, soit dedans soit dehors ce Royaume, en-lieu de libre accez, nonobstant l’inegalité et disproportionqui est trop manifeste entre nous. Je pense, Monsieur, que vousijugerés toutes ces offres equitahles, ne pouvant, à mon advis, faire plus chrestiennement que de me sousmettre au jugement de l’Eglise en ce qui concerne ma religion ; ny plus raisonnablement que de me ranger aux loix et statuts de ce Royaume, encore que ce n’est aux estrangers d’en cercher la reformation ; ny plus lronorablement que de descendre au-dessous de moy pour m'esgaler à eux, estant mesme declarez ennemis de cest Estat, et se declarant les miens, comme ils ont faict de gayeté de cœur. Nonobstant, Monsieur, pendant que, pour contenter le Roy, je supporte tout en patience, sans prendre les armes (lors toutesfois que les armes s remuënt de toutes parts autour de moy), ils ont tant gaigné', partie par Postentation de _leurs -l`0rce’s, et partie par la collusion d’aulcuns leurs adherens qui estoient demeurez prés du Roy, qu’ils ont forcé et contrainct Sa Majesté la une paix avec eux, qui m'est convertie à guerre ouverte, et sans doubte, j si Dieu n’y pourvoit par sa `clemence, en ruine inevitable à cest Estat ; une paix faicte avec les estrangers au dommage desiprinces du sang ; avec la maison de Lorraine, aux despens de la maison de France ; avec les rebelles, aux despens des plus obeîssans ; avec les perturbateurs, aux despens de ceux qui ont racheté la paix publique par toutes les oH’res qu’ils ont peu, comme LETTRES DE HENRI [VI II j 17