Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/12

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sollicitations qu’ils avoient faict par ce regard n’avoient reussy selon leur desir. Maintenant qu’ilz sentent par le dict edict que Vostre Majesté, de son mouvement, leur donne esperance qu’il luy plaira avoir pitié d’eulx, ilz ont grant occasion de louer Dieu et le prier de plus en plus pour vostre santé et prosperité, comme ilz font ; et me sont venuz trouver pour me prier de le faire entendre à Vostre Majesté et la supplier tres humblement, comme je fais sur ce, de continuer ceste bonne volonté en leur endroict comme à ung peuple paisible, fidelle, obeïssant, et sur lequel vostre debonaireté et compassion a tres subject de s’extendre, tant pour la misere de leurs povres familles, ruynées en tout ce pays-là depuis le dict impost et cessation du traficq et commerce, à cause de la garnison qui y est, que pour le tres grand interest de Vostre Majesté ; d’aultant que depuis le dict impost et la dicte garnison, le tiers des salines du dict païs est du tout perdu, et se perdent aussy de jour à autre les dictes salines, et faute de moyen de les pouvoir entretenir. Voilà pourquoy y allant tellement de vostre service, comme j’en ay esté fort asseurement adverty, il m’a semblé que je ferois faute à mon debvoir, atendu la charge et auctorité qu’il a pleu à Vostre Majesté me donner en ceste province, si je ne luy en rendois tesmoignage et ne luy en donnois l’advis certain que j’en ay. Qui pourra estre cause qu’Elle s’en pourra encores mieux esclarcir, s’il luy plaist donner charge à telles personnes fidelles et affectionnées à son service, qu’Elle advisera de s’en enquerir. Il n’y a aucunes charges en autres endroictz de vostre Royaume (quelques plainctes qui s’en facent) qui puissent estre egallées ne comparées à celles-là. Car le dict impost du sel leur oste pour le moins la moityé de leur bien et revenu, sans les autres droictz ordinaires et extraordinaires qu’ilz vous paient, et les impositions et charges qu’ils supportent à l’occasion de la dicte garnison. Sur ce, Vostre Majesté aura, s’il luy plaist, agreable que je la supplie tres humblement de voulloir ouyr les dicts habitans en leurs plainctes et doleances ; s’asseurant, si Vostre Majesté leur use de ceste bonté, de les entendre, qu’Elle y vouldra pourvoir et faire justice. Monseigneur, je supplie