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DU ROI DE NAVARRE. 109

periori per legatum nostrum D. Jacobum Segurium Parclilianum, nostro nomine, significatum fuerit, quantumque vereremur ne in

de la succession au trône, bien que tout le monde sache qu’elle nous appartient légitimement, et qu’ils ne le nient point eux-mêmes. Et leur audace a poursuivi cet objet avec tant de fureur, que, bon gré mal gré, elle a entraîné le Roi lui-même dans leur parti ; aussi laisse-t-il aujourd’hui prendre le nom de parti royal à ces mêmes gens que naguère, dans ses édits, il flétrissait du nom de criminels état. Quanta nous et tous ceux’qui font profession de la Religion, nous qu’il engageait à la sécurité, qu’il exhortait au nom de la foi, maintenant il nous condamne, il nous proscrit, il nous fait une guerre acharnée. Ce n’est qu’en abjurant la Religion et en faisant profession de papisme, qu’il nous est donné de conserver nos honneurs, notre vie, nos dignités. Prince, mon très-honoré Frère, votre sérénité royale, selon sa prudence, verra bien où cela tend. Le Pape établit sa tyrannie ; l’Espagnol, au moyen des désastres et de la ruine du royaume de F rance, se fraye un chemin pour s’emparer de la monarchie de l’univers chrétien ; la maison de Lorraine, et particulièrement les Guises, dont tout le monde connaît depuis longtemps les prétentions au trône de France, s’efforcent par des noms falsifiés et des titres mensongers, de ravir, d’arracher pièce à pièce ce dont ils ne peuvent s’emparer en entier.

« Votre sérénité royale n’ignore certes pas ce que nous avons à faire. Il est hors de doute qu’il s’agit ici de l’existence de l’Église, de l’existence du royaume, de l’existence de la patrie ; qu’il s’agit de notre propre existence et de la dignité de toute notre maison. Vous avez appris quelle est la nature et la gravité des malheurs qui nous menacent ; nous vous prions donc instamment de daigner vous informer auprès de notre ambassadeur quels sont les remèdes à y opposer. Nous les réclamons uniquement de votre prudence, de votre intérêt affectueux, et nous les attendons avec confiance : Votre piété viendra au secours de l’Église en péril ; votre pru’dence s’opposera à l’Espagnol, qui depuis longtemps prétend arriver à la monarchie uni » verselle par le bouleversement du royaume de France ; votre bienveillance viendra en aide à un prince qui vous est très-attaché, à votre très-respectueux frère ; afin que l’on’ne voie pas l’Antechrist triompher du Christ, afin que la domination de l’insolent Espagnol ne s’étende pas plus loin ; afin que nous qui combattons pour l’église du Christ, pour la liberté de tous, pour les lois de la patrie. pour notre droit par conséquent, nous ne soyons pas réduit aux dernières extrémités, ou entièrement écrasé au moyen de cette criminelle conjuration, secondée par les artifices du Pape et par le parti espagnol. Vous réprimerez les tentatives impies et criminelles de la maison de Guise, qui dévore déjà du regard non-seulement le royaume de France, mais encore plusieurs autres royaumes chrétiens ; et, ce qui touche tous les rois, vous conserverez les héritiers légitimes et en particulier les enfants de France ; vous tâcherez que les serviteurs ne privent pas les enfants de la famille du domaine de leurs aïeux et de leur antique patrimoine.