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LETTRES MISSIVES

mus, quam bene erga Ecclesiœ christianœ concordiam sitis allecti, quam benevole etiam ipsum, nostro nomine, concordiae rationem,

l’Espagnol, sous prétexte d’un concile universel, ils convinrent de se prêter un appui et un secours mutuels : l’un pour établir sa tyrannie, l’autre pour s’emparer de la domination de l’univers chrétien. Ils espèrent, au moyen de cette ligue, atteindre ce qu’ils ont déjà tenté avec trop de succès dans plusieurs pays, mais moins heureusement essayé dans ce vaste et puissant royaume. Personne n’ignore le danger que porte avec lui un pareil exemple, et il est bien reconnu que c’est au prix de leur sang que les églises de France ont empêché, pendant plusieurs années, la fureur papale de déborder de toutes parts. Quant à l’ambition espagnole, elle n’est retenue que par la France ; comme par un obstacle élevé entre elle et sa proie : cet obstacle une fois brisé, que n’oseront pas les Espagnols, eux dont nous voyons les yeux avides tournés vers l’Allemagne, bien qu’ils en soient séparés par la France entière ?

« Voilà, très-illustre Prince et très-cher Cousin, les réflexions qui nous ont déterminé à envoyer de nouveau le sieur Jacques de Ségur Pardaillan auprès des très-illustres princes du Saint-Empire, mais surtout auprès de votre altesse, qui, par son éclatante piété, ainsi que par sa prudence, se distingue de tous les autres. Le sieur de Ségur fera le fidèle récit des désastres qui ont eu lieu dans les contrées d’où il vient ; il soin de faire connaître, de notre part, les mesures qui nous paraissent propres à repousser les efforts des ennemis. En outre, il conjurera avec instances, en notre nom, les très-illustres princes de n’abandonner pas la vraie religion menacée dans le royaume de France, ni même ce royaume mis en péril sous un tel prétexte, non plus que nous qui luttons pour la défense de l’église et de la patrie. Ces princes ne sauraient se regarder comme indifférents au succès de notre lutte, ou ai la catastrophe de notre ruine. Sur tous ces points et sur chacun des objets qui s’y rapportent, je vous conjure, très-illustre Prince, d’écouter celui va vous trouver de ma part, avec non moins de bienveillance et d’attention que m’en accorderiez à moi-même ; il tient dans mon amitié une place que rien ne surpasse, et est admis à la confidence de tout ce qui me touche le plus. La fureur des ennemis du nom chrétien en est venue à ce point, qu’ils nous ont persécuté de la manière la plus lâche, et qu’ils cherchent encore à faire rejaillir sur notre honneur la tache la plus honteuse et la plus indigne pour un prince. n’avons-nous pu, sans préjudice pour notre nom et notre dignité, nous abstenir une légitime défense. Nous avons adressé notre protestation au Roi de France et aux ambassadeurs des nations étrangères qui se trouvaient à la cour ; nous avons résolu de ladresser à tous les princes, mais particulièrement à ceux qui se sont séparés de l’église romaine ; eux qu’on s’efforce d’atteindre à travers nos rangs et qu’on aura charge des mêmes outrages dont nos en nemis cherchent à nous accabler. Mais c’est surtout à vous que je m’adresse, très-illustre Prince, à vous dont l’ardeur et le zèle pour la propagation des véritables doctrines sont si connus non-seulement de l’Allemagne, mais encore de l’univers