Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée
92
LETTRES MISSIVES

pour y apporter, le remede, pour/vous advertir à ce que, sous ombre. de bonne foy, ne soyés frustrez en vostre but en ce que vous auriés eu intention de secourir le Roy et son Estat contre les conspirateurs ; ce` qu°on voudroit au_iourd`l1uy, sous l'auctorité d’iceulx, employer contre la Religion, le service du Roy, et le repos de l`Estat. Et desjà, Magnifiques Seigneurs, pouvés-vous remarquer la mutation survenue par ce traicté de paix, au grand prejudice de vostre alliance avec la France, en ce qu’ayant secouru indifféremment le Roy, comme vous aves faict., tant d'une que d’aultre. Religion, ce nonobstant, ceulx‘ de la Religion sont licenciez, et les aultres retenus comme si vous n’estiéS pas egalement bons alliés de ceste couronne ; ou plustost pour monstrer evidemment qu’on en cercbe. la ruine (à laquelle on sçait que ne voulés servir) et non le bien : et en ce pareillement, qu’ayant le Roy receu en son allience et protection la ville de Geneve, et partie en vostre contemplation, comme l’on scait, ils l’obligent à s’en despartir, sous ombre d’erreur ou heresie ; Geneve toutesfois, de laquelle on cognoist l’importance pour la conservation de tout vostre pays, qu'il est apparent qu’ils n’ont voulu excepter de Yalliance, que pour la raison de la Religion qui vous est à tous commune, mais pour l’exposer à l’ennemy commun que cognoissés, et pour luy ouvrir la porte de vos pays par ce moyen. C`est à vous, Magnifiques Seigneurs, pour l’affection que vous portés au Roy, à cest Estat, à la maison de France, et a la vraye religion, qui vous a esté toujours chere et precieuse par surtout[1], de penser, selon vos prudences, aux moyens de destourner ces malheurs, desquels j’ay aussi donné charge au sieur de Calignon, present porteur, de vous discourir au long. Et sur ce, Magnifiques Seigneurs, que je desire approuver mes actions à un chascun, à vous singulièrement, que je tiens pour meilleurs et plus asseure ; amys de cest Estat, je vous envoye par’ luy copie de la desclaration qu’ay — faict presenter au Roy, escripte et signée de ma `main, par laquelle

  1. Charles IX s’est servi de cette expression dans ces vers à Ronsard :

    « Il faut suivre ton Roy, qui t’aime par sus tous,
    Pour les vers qui de toy coulent braves et dous.