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DU ROI DE NAVARRE.

par le Roy mon seigneurs, lequel les auroit declarez rebelles et crimineulx de leze-majesté, auroit commandé à tous gouverneurs, lieutenans generaulx, etc. de leur courre su_s par armes, et à ceulx de ses courts de parlement de les poursuivre en leurs vies, biens et honneurs par toutes rigueurs de justice. Ce nonobstant, Magnifiques Seigneurs, partie Yapprehension de leurs forces, qu’on luy faict concevoir malicieusement plus grandes qu’elles ne sont, partie la haine inveterée de i la vraye religion, en laquelle les mauvais conseillers de Sa Majesté se sont trouvez d’accord avec eux, ont reduict le Roy à ce poinct, de faire des conditions tresprejudiciables et à son Estat_ et à tous -ses plus fideles subjects : à sçavoir que son Edict de pacification demeure cassé et rompu, et ceulx de la religion reformée non seulement privez de tout exercice d’icelle, mais mesme bannis.du Royaume, en cas qu’ils ne la veuillent abjurer. C`est, Magnifiques Seigneurs, une paix. que je m`asseure que voustrouverés bien dure, puisqu’elle m'est convertie en guerre ouverte ; mesme quand vous considererés quel I lieu je tiens en ce Royaume, et quels- ilsy sont : à sçavoir, eux issus d'une maison estrangere, moy premierprince du sang, etpremier pair de France ; quels aussy ont esté leurs desportemens, et quels les miens : eux et leurs partisans, de gaieté de cœur, ayant voulu forcer, le Roy contre son serment, sa foy et ses edicts à forcer les consciences. de ses bons et loyaux subjects ; moy et ceulx de la Religion n'ayant rien plus desire que de vivre en toute obeissance, selon la religion que Dieu nous a inspirée, sous le benefice de_sa foy et des edicts depaix. Or sont les choses, Magnifiques Seigneurs, reduictes à tel poinct, que malaisement se peuvent elles desmesler sans guerre, ny ceste guerre linir, si les bons voisins n'y apportent la main, sans la dissipation de cest Estat. Car oultre que c’est nature à un chascun de se deflendre, ce m’est à moy un debvoir et une necessite de deflendré cest Estat, à la ruine duquel ils aspirent de tout leur pouvoir. Je m’adresse donc à vous, Magnifiques Seigneurs, comme à bons voisins,

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  1. « J'ai grand peur, avait dit Henri III, qu’en voulant perdre la presche nous ne hasardions fort la messe. » (Cayet, Chronologie novenaire, fol., 8 verso.)