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tholique, Apostolique et Romaine, et se repentans, y soient benignement recueillis et receus, a tellement vaincu le doubte qu’aultrement je pouvois avoir de la juste severité de Vostre Saincteté, qu’apres avoir esté conforté tant par le Roy trez chrestien, que par la sage et prudente admonition de la Royne, madame ma belle-mere, Messieurs freres du Roy, monsieur le cardinal de Bourbon, mon oncle, et de mon cousin, monsieur le duc de Montpensier, en ceste persuasion, je me suis finalement resolu que, Vostredicte Saincteté me recognoissant pour l’ung des siens par les premieres marques que j’ay receues en ladicte Eglise en la foi de laquelle j’ay esté baptisé[1], et ne m’imputant l’institution qui depuis m’a esté donnée, dont il n’estoit point en moy, veu mon bas aage[2], de faire jugement ou ellection, elle ne desdaignera de m’ouvrir les bras de son indulgence, et, en recevant la confession de ceste mienne penitence, reduction, et obeissance comme je l’ay icy tesmoignée et protestée en la presence du nonce de Vostre Saincteté[3], me recevoir au giron d’icelle Eglise dont je vous recongnois chef, et me tenir et reputer desormais pour trez humble, trez

  1. « Ce xiiije de decembre 1553, madicte dame Jehanne, princesse de Navarre, accoucha de son second fils à Pau en Bearn, entre une ou deux heures apres menuict. Lequel fut baptisé le mardi vje jour de mars audict an, audict lieu de Pau ; et furent ses parrains, le Roy de Navarre, son grand-pere, qui le nomma Henry, et monseigneur le cardinal de Vendosme, son oncle paternel ; et fut sa marraine, la sœur du Roy de Navarre, veufve de feu monsr de Rohan. » (B. R. Fonds Du Puy, ms. 88. Journal des naissances et morts des princes de Bearn, par l’evesque d’Oloron. Copie collationnée et signée Loménie.)
  2. Ce prince n’avait, en effet, que neuf ans, lorsqu’à la fin de l’année 1563 sa mère embrassa ouvertement la religion protestante dans laquelle elle le fit instruire.
  3. Antoine-Marie Salviati, fils de Laurent Salviati et de Constance Conti, d’une ancienne et illustre famille de Florence, était petit-neveu du pape Léon X et cousin issu de germain de Catherine de Médicis. Il fut évêque de Saint-Papoul, en succédant à ses deux oncles, les cardinaux Jean et Bernard Salviati ; il assista au concile de Trente, fut deux fois nonce en France, et, le 23 décembre 1583, reçut du pape Grégoire XIII le chapeau, comme cardinal-prêtre du titre de Sainte-Marie in Aquiro. Son mérite le fit surnommer le grand cardinal. Il mourut à Rome le 28 avril 1602. Sa tante Marie Salviati épousa Cosme de Médicis, duc de Florence ; elle a été la grand’mère de Marie de Médicis, femme de Henri IV.