charger le dict pays et la loger autre part. Je sçay que vous aimés la paix, et je crains que cela apporte, à la fin, quelque alteration, aussy que le dict pays se fasche fort de porter ceste foule, estant si paisible comme il est. Vostre compagnie seroit mieus à Perigueus ou en Rouergue, où il se faict beaucoup de desordres et où il y a plus d’occasion de la mettre, pour les reduire à obeyr et à ce qui est de leur devoir. Depuis huit jours, Rastignac[1] est entré au Mur de Bares, où vous aviés mis ceux de la Religion en vostre protection. Il en a tué quatre et en a pendu deux à un arbre, de son autorité privée, sous pretexte de quelque chasteau qu’il dict avoir esté surpris en Auvergne. Cet acte est fort estrange et à quoy il est besoin de pourvoir, si on veut entretenir et bien establir la paix. Vous avés pris la peine d’y aller, pour remettre le dict lieu, et de leur promettre seureté et protection ; il seroit bien necessaire d’y retourner, pour faire cognoistre que vous n’avés autre intention que de leur faire entretenir et garder la promesse que vous leur avés faicte. Et en y allant je vous prye, mon Cousin, passer par icy, et faire toujours estat assuré de mon amityé, comme de celuy qui veut demeurer pour jamais
Orig. autographe. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8828, fol. 23 recto.
Cop. — B. R. Suppl. fr. Ms. 1009.
Mon Cousin, J’ay eu ces jours passez infinies plaintes, et en viens de recevoir presentement, non seulement de la noblesse et autres de
- ↑ Raimond Chapt de Rastignac, fils de Claude Chat ou Chapt de Rastignac et d’Agnès de Montberon, était seigneur de Messillac, de Pleaux, de Griffol, de Montagnac, de Poumeyrols, capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances, gentilhomme ordinaire de la chambre, gouverneur d’Aurillac, lieutenant général au gouvernement de la haute Auvergne, chevalier de l’ordre en 1588, et promu à l’Ordre du Saint-Esprit en 1594.
