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1584. — 8 avril.

Orig. — Arch. de M. le baron de Scorbiac, à Montauban. Copie transmise par M. Gustave de Clausade, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


À MONSR D’ESCORBIAC,

CONSEILLER DU ROY MON SEIGNEUR, EN SA COURT DE PARLEMENT DE THOULOUZE ET CHAMBRE DE L’EDICT ESTABLIE À L’ISLE D’ALBIGEOIS.

Monsr d’Escorbiac, Le sr de Borolhan, present porteur, gouverneur en mon bas-comté d’Armaignac, et gentilhomme ordinaire de ma chambre, m’a donné à entendre qu’il a ung procez de grande importance en vostre chambre à Lisle, pour la succession à luy advenue par le decez de feue damoiselle Anne de Las, sa femme, contre damoiselle Catherine de Las, sa belle-sœur. Et parce que je desirerois faire aparoistre par effect au dict sr de Borolhan, à son grand besoing, l’entiere affection que je luy porte pour ses merites, et en consideration des fideles et recommandables services qu’il me faict ordinairement, comme ont faict aussy, en leur vivant, ses predecesseurs à mes ayeul, pere et mere, j’ay bien voulu vous faire la presente, sçachant combien vous m’estes affectionné et quelle est vostre integrité en ce qui est de la justice, [pour] vous prier bien fort de tenir la main à ce qu’il ayt bonne et prompte expedition et que son bon droict luy soit conservé en justice. Ce que m’asseurant que vous ferez trez volontiers, et qu’en cela il n’est besoing de vous user de recommandation, je ne vous feray la presente plus longue, si ce n’est pour vous prier de faire tousjours estat de moy, et de ce qui est en mon pouvoir, comme aussy je prie Dieu vous tenir, Monsr d’Escorbiac, en sa saincte et digne garde. De Nogaro[1], le viije d’apvril 1584[2].

Vostre meilleur et plus affectionné amy,


HENRY.
  1. Petite ville du bas Armagnac, aujourd’hui du département du Gers.
  2. Par une lettre analogue, mais plus courte, écrite de Pau le 7 mai suivant, le roi de Navarre recommande encore à M. de Scorbiac un autre plaideur, auquel il paraît n’avoir porte qu’un intérêt médiocre, à en juger par la manière dont il le désigne : « Ung nommé Jehan Modeux, de Leyrac, qui a ung procés en vostre compagnye. » Nous avons jugé inutile d’ajouter ici ce billet à beaucoup d’autres recommandations du même genre. Cet abus si grave, que l’ancienne Rome faisait entrer dans les devoirs des patrons envers leurs clients, continuait à être admis generalement comme l’usage d’une sorte de droit, et subsista jusqu’à la fin de l’ancien régime.