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ma maison et chasteau en ma dicte ville et en ce qui m’appartient, comme m’aviez cy-devant asseuré ; et prenois comme en payement les excuses que m’avés faictes de ceste longueur. Mais au lieu que cela me debvoit servir, et de faire quelque demonstration de recognoistre leur faulte et s’humilier, comme ils debvoient, ou seulement d’en avoir desplaysir, ils ont effronteement refusé de satisfaire à ce qui m’est deu, de temps immemorial, ce que aultres n’ont jamais entrepris. Et ay entendu qu’ils ont mis en desliberation de donner les estrivieres à celuy qui les est allé semondre pour se trouver, comme de coustume, aux Estats de ce pays : de ceste façon se soubstrayans et separans de moy et de ma seigneurie et obeïssance. Mon Cousin, ce sont choses, à la longue, insupportables, et que les plus petits ne vouldroient ne pourroient souffrir. Il me fasche fort que je soye seul à rentrer en ma maison, et à jouir de l’edict, et mesmes aprés avoir faict tout ce qui restoit à faire du costé de ceulx de la Religion, et que je soys si longuement entretenu en paroles et longueurs. De quoy je seray à la fin contrainct de me plaindre à bon escient[1].

Quant à ceulx de la Tersere, nous n’avons encores ouy nouvelles qu’ils soyent descendus à St Sebastien[2].

Il me reste à vous prier bien fort, mon Cousin, de faire tousjours asseuré estat de la bonne volonté et amitié de

Vostre plus affectionné cousin et bien asseuré amy,


HENRY.
  1. Il est dit dans la vie de Mornay qu’au retour de sa mission en cour pour l’affaire de la reine Marguerite, revenant en Béarn, où était le roi de Navarre, « il le trouva minutant l’entreprise du Mont-de-Marsan. »
  2. Cette île était la seule des Açores qui eût reconnu Philippe II. C’était donc le premier point de mire des expéditions en faveur de don Antoine.