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1583. — 18 août.

Orig. — Arch. de M. le baron de Scorbiac, à Montauban. Copie transmise par M. Gustave de Clausade, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


À MONSR DE SCORBIAC,

CONSEILLER DU ROY MON SEIGNEUR, EN SA COURT DE PARLEMENT ET CHAMBRE DE L’EDICT ESTABLIE À LISLE D’ALBIGEOIS.

Monsr de Scorbiac, Parce que j’ay entendu que messrs les president et conseillers catholiques de vostre chambre de l’edict ont trouvé mauvais ce qui est contenu en une lettre que j’ay escripte au premier president de Toloze, par laquelle je me plains, et avecques grande raison et occasion, de ce que la nomination des dicts srs president et conseillers a esté faicte, sans m’en avoir esté la liste communiquée, pour pouvoir remonstrer à Sa Majesté, et en faire rejecter ceulx qui seroient cogneus pour suspects, recusables et mal propres pour estre juges en la dicte chambre, establie pour l’observation et entretenement d’iceluv edict et conferences, suivant ce qu’il a pleu au Roy mon seigneur m’accorder, et qui est expressement contenu ez dictes conferences et articles secrets, je ne me suis adressé à aulcun de la dicte chambre, et n’ay pensé, voulu, ny entendu les taxer. Mais aussy ne veulx-je pas souffrir que le pouvoir qui m’a esté donné avec auctorité publique me soit ravy par voies sinistres et obliques, et par entreprises extraordinaires et non accoustumées aux aultres parlemens, fondées sur l’opinion et presomption de quelques faveurs et supports mal asseurez ; ne desirant, au reste, rien tant, si non l’execution de la volonté de Sa Majesté, l’observation de ses edicts, l’affermissement de la paix, le bien et prosperité de ses affaires et service ; ce que je vous prie, Monsr de Scorbiac, faire entendre partout où besoing sera, et vous asseurer entierement de ma bonne volonté et des effets d’icelle en tous les lieux que j’auray moyen : sur ce, priant Dieu vous tenir, Monsr de Scorbiac, en sa saincte et digne garde. De Nerac, ce xviije aoust 1583.

Vostre meilleur et plus asseuré amy,


HENRY.