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celles sont plus à observer qui conservent la paix publicque, l’entretenement d’icelle avec les amis et voisins de vostre estat et de vostre couronne ; et lesquelles il n’est permis à aulcun subject, quel qu’il soit, de violer de son auctorité privée. Mais je n’ay veu, depuis la publication du dernier edict de la paix, aulcun qui ait par quelque entreprinse de mer rompu le lien de la paix, que les vaisseaux armez en guerre du comte de Bossu[1], auquel j’ai cy-devant, comme d’un attemptat insigne contre vostre estat et subjectz, donné advis à Vostre Majesté. Et quant à aultres vaisseaux armez qui soyent depuis la guerre sortiz et partiz de ce havre, ou qui ayent voulu mouiller leur ancre en ceste rade, je n’en ay reconnu aulcun, que le vaisseau de Petro Paulo, qui a commission de vous. Toutesfois pour n’obmettre rien de mon debvoir et de ma charge en ung faict de telle importance, j’ay promptement, ayant receu voz lettres, mandé vers moy les juge et officiers de l’admiraulté de ce havre. Ausquelz, afin d’y donner meilleur ordre par la voye ordinaire, j’ay bien faict peser et entendre vostre commandement, leur enjoignant expressément de faire derechef publier en ce port et havre les ordonnances sur ce faictes, ainsi que vous voirrez par la commission et l’acte de la publication que je vous envoye[2] ; et s’enquerir aussi et s’informer diligemment et sans aulcune congnivence, s’il y a point quelques vaisseaux armez en guerre ou que on se prepare d’armer, pour les faire faire tous desarmer, fors seulement les vaisseaux des marchans, equipez et armez ainsy qu’ilz ont, en temps de paix, accoustumé de faire pour s’asseurer et garantir des voleurs et pirates ; ayant, devant que faire voile, au desir de voz ordonnances, obtenu leur congé et donné caution telle qu’elle est requise. Quant à ce qui concerne monsr le comte Ludo-

  1. Maximilien Hennin, comte de Bossu, mort en 1578, connu par plusieurs exploits maritimes, joua un rôle important, à cette époque, dans toute la guerre des Espagnols en Flandre.
  2. L’acte annexé à cette lettre est postérieur de six jours. C’est la copie d’une ordonnance en date du 15 mars 1571, pour la surveillance des côtes de Guienne, afin qu’on n’y équipe aucun navire armé en guerre, et qu’on n’y accueille aucun pirate.