Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/542

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1583. — 6 mars. — Ire.

Cop. — B. R. Suppl. fr. Ms. 1009-3.

Imprimé. — Mémoires de messire Philippes de Mornay, seigneur du Plessis Marli, etc. t. I, p. 172, édition de 1624, in-4o.


À MON COUSIN MONSIEUR L’ARCHEVESQUE DE ROUEN[1].

[2] Mon Cousin, J’ay receu vostre lettre, et croy volontiers que l’affection que me portés et à la grandeur de nostre maison vous faict parler. Le bruit que vous dictes de mon intention d’aller à la Court, est tres vray. Toutes les fois que je verray plus d’utilité, pour le service du Roy, à y aller qu’à demeurer icy, je seray prest à partir ; et les choses, graces à Dieu, s’acheminent tellement en ces quartiers, que j’espère que ce sera bien-tost. Mais, sur ce que vous adjoustés, que pour estre agreable à la Noblesse et au Peuple il faudroit que je changeasse de religion, et me representés des inconveniens, si je suis aultrement, j’estime, mon Cousin, que les gens de bien de la Noblesse et du Peuple, auxquels je desire ap-

  1. Charles de Bourbon, quatrième fils de Louis de Bourbon, prince de Condé, et d’Eléonore de Roye, né le 30 mars 1562, était cousin germain du roi de Navarre. Malgré le titre que lui donne cette lettre, il n’était pas encore archevêque de Rouen, à l’époque où elle lui fut adressée ; mais il avait été nommé, le 1er août de l’année précédente, coadjuteur de son oncle à ce siégé important, dans lequel il lui succéda comme dans tous les autres bénéfices dont jouissait ce prince, et qui étaient les plus riches de France. Il fut de même, non-seulement archevêque de Rouen, mais abbé de Saint-Denis en France, de Saint-Germain-des-Prés, d’Orcamp, de Bourgueil, de Saint-Ouen, de Sainte-Catherine de Rouen, etc.Il n’avait pas vingt et un ans lorsqu’il écrivit la lettre qui lui valut la verte leçon de cette réponse ; mais on peut supposer qu’il cherchait alors tous les moyens d’être agréable au pape, qui lui conféra, cette même année, le chapeau de cardinal. On l’appela d’abord le cardinal de Vendôme, puis le cardinal de Bourbon le jeune, après la mort de son oncle, proclamé, par les ligueurs, Charles X. Alors le neveu aspira aussi à la royauté. Mais il se réconcilia avec le Roi, son cousin, après l’abjuration de celui-ci, et il mourut d’hydropisie, l’année suivante, dans son palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés, à l’âge de trente et un ans. Il n’avait jamais été que sous-diacre.
  2. Mornay a imprimé en marge de cette lettre : Dressée par M. du Plessis.