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fication en ce pays, a esté cause que sans m’arrester au pouvoir de monsr le mareschal de Matignon, auquel je ne suis aulcunexnent nommé ne comprins, comme j’eusse bien desiré, pour faire cognoistre à chascun l’intention que Sa Majesté a de me maintenir en l’auctorité qu’il m’a baillée en ce gouvernement, et sans avoir esgard à plusieurs aultres difficultez qui se sont présentées, j’ay traicté avec luy sur le principal poinct de ladicte execution, qui est Perigueux, de sorte que, surmontant toutes difficultez, j’ay consenti à l’eschange de la dicte ville à une aultre, avec certaine somme[1] ; m’asseurant que le Roy et vous aurés agreable ce qu’avons arresté ; et vous supplie trez humblement, Madame, de considerer le peu de moyens que j’ay, et vous asseurer qu’en les accroissant ce sera d’aultant plus augmenter l’affection que j’ay de les employer pour son service et le vostre avec la mesme affection que vous le sçauriés desirer de celuy qui est

Vostre trez-humble et trez obeissant fils, subject

et serviteur,


HENRY.



1581. — 23 novembre. — Ire.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8857, fol. 65 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Vous sçavez comme les miseres et calamitez des guerres passées ont licentié une infinité de personnes, qui de leur naturel estoient assez despravez et corrompuz, à commectre plusieurs crimes et delicts, et forcé mesme les plus gens de bien d’executer beaucoup d’entreprises, auxquelles ils ne vouldroient avoir pensé durant la paix. Que si ces dernieres faultes estoient plus tost mesurées par l’animosité particuliere de ceulx qui en poursuivent la punition que par la raison, il s’en trouveroit fort peu d’un party et d’aultre qui se peussent prevalloir de l’abolition que le Roy mon sei-

  1. Voyez la lettre du 1er décembre suivant au maréchal de Matignon.