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1581. — 24 mai. — IIme.

Cop. – Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, no 50, Lettres historiques, p. 23. Communiqué par M. le préfet.


À MESRS [LES ADVOYERS, CONSEIL ET COMMUNAUTÉ DU CANTON DE BERNE.]

Messrs, Ayant entendu comme pendant ces derniers troubles l’ambassadeur du Roy mon seigneur, resident prés de vous, avoit faict quelques plainctes à l’encontre du baron d’Aubonne[1], en haine de ce qu’il nous portoit quelque affection, et tellement poursuivy que sans les formalitez accoustumées, vous l’auriez faict appeler devant vous, et procedé par saisie des titres et droits de sa baronie, mesmes iceluy condamné en plusieurs rigoureux jugemens, en quoy j’ay occasion de me douloir, veu qu’il me semble que cela est advenu pour ma consideration ; qui est cause, Messrs que veu le singulier zele qu’avez à la vraie pieté et religion, laquelle nous defendons, veu aussy l’affection que portez à nostre nation françoise, et mesmement la bonne amitié qui a toujours esté, entre vos predecesseurs et les miens, joinct que par la paix que le Roy mon seigneur nous a accordée, tout ce qui s’est commis pendant les troubles a esté advoué, et tous jugemens donnez en consequence d’iceulx, cassez et revoquez : je vous ay bien voulu faire ceste requeste, pour vous prier bien affectueusement vouloir, à l’exemple de Sa Majesté, user d’un mesme benefice, et tellement reprendre en grace le dict baron d’Aubonne, comme vostre trez humble subject, qu’il puisse sentir vostre doulceur et gracieux traictement ; mais encore qu’il cognoisse que ceste mienne trez affectionnée recommandation luy ait apporté quelque fruict : vous priant de rechief que si en nostre cause, qui est la vostre mesme, il ne vous plaist nous despartir l’assistance et

  1. La ville d’Aubonne, dont le canton de Berne acheta plus tard la seigneurie au marquis du Quesne, le 5 février 1701, était alors un fief relevant de ce canton et compris dans les terres de sa dépendance.