Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des dangers et incommoditez, vouldroient mettre en controverse la resolution qui y a esté prinse, comme chose faicte sans eulx, et par ainsin troubler et alterer le repos de l’Estat, j’ay desliberé d’envoyer devers eux mon cousin, monsr de Turenne[1], et ce pendant vous prier, Messrs, comme je fais par la presente, les certifier et leur escrire combien la paix nous estoit necessaire, de quel pied on y a marché, pour les disposer à recevoir unanimement les articles d’icelle, et y obtemperer ; cognoissant le grand bien et utilité qui en peut reussir ; leur faire entendre aussy les necessitez de ceste province, les desordres et desobeissances, le desir et l’affection que vous avez de recevoir un tel bien, afin d’empescher les impressions qui se pourroient concevoir par le rapport de ceulx qui blasment nos actions, imputans la cause d’icelles proceder d’aultre intention que du salut et commune conservation de nous tous, pour laquelle je n’espargneray, non plus que j’ay faict cy devant, mes biens, mes moyens et ma vie. Et en ceste volonté prieray Dieu, Messrs, vous avoir en sa trez Saincte et digne garde. De Cadillac, ce xe febvrier 1581.


[HENRY.]
  1. L’Histoire de la guerre civile en Languedoc, souvent citée par Dom Vaissète, sous le nom d’Anonyme de Montpellier, et imprimée par le marquis d’Aubais dans le tome II de ses Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France, fait ainsi connaître l’objet et le résultat de cette mission : « Le vicomte de Turenne, envoyé par le roy de Navarre à Montpellier, ne put pas persuader aux habitans de l’accepter (la conférence de Fleix), et ils ne la firent publier que le 14 de mai, après que le Roy leur eut accordé, en avril, une nouvelle abolition. »