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et, si telle est vostre intention, m’en advertir, afin que j’en puisse faire estat ; et vous asseurer que je n’auray jamais moyens quelconques, que je ne vous y feray part, pour recongnoistre le bon office que je me promets de vous en ceste occasion, en esperant que ne me vouldrez esconduire. Et je prieray Dieu, Monsr de la Bourelies, vous avoir en sa saincte garde.

De Coutras, ce xije jour de decembre 1580.

Vostre bien bon amy,


HENRY.



1580. — 15 décembre.

Cop. – Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 94. Communiqué par M. le préfet.


À MONSIEUR DE SAVOYE[1].

Monsieur, Sans la difficulté des chemins et les dangers que le malheur du temps apporte, j’eusse envoyé devers vous aussi tost que j’ay sceu la triste nouvelle de la mort de feu monsieur vostre pere[2] pour luy rendre le dernier office que ses amys luy doibvent ; si ay-je toutes fois donné charge au sr de Bethune, l’un de mes chambellans, partant d’icy, de vous aller trouver, incontinent qu’il verroit quelque seureté, pour se condouloir en mon nom de la perte que j’ay faicte avec vous, et reconfirmer l’amitié et bienvueillance que j’avois avecques luy ; ne desirant moings la reprendre et conserver aprés sa mort que durant sa vie. Et maintenant que m’avez prevenu, en ce qu’il vous a pleu m’envoyer monsr de Bellegarde[3], l’un de vos gentilshommes, pour

  1. Charles-Emmanuel Ier, né le 12 janvier 1562, fils unique d’Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, et de Marguerite de France, fille de Francois Ier. Il épousa, en 1585, Catherine d’Autriche, fille de Philippe II, roi d’Espagne, et mourut le 26 juillet 1630.
  2. Emmanuel-Philibert était mort le 30 août précédent.
  3. César de Saint-Lari et de Termes, duc de Bellegarde, fils de Roger de Saint-Lari et de Marguerite de Saluces, était alors retiré dans le marquisat de Saluces, dont son père, le maréchal de Bellegarde, mort récemment, s'était à peu près emparé au détriment de l’autorité du roi de France. Le fils entretint avec le roi de Navarre les bonnes relations qu’avait eues son père. Il s’attacha même davantage à la fortune de ce prince, et fut tué à son service, à la bataille de Coutras, en 1587, à l’âge de vingt-cinq ans. Il était cousin germain de Roger de Saint-Lari, duc de Bellegarde, grand écuyer de France. Leur famille était d’une ancienne noblesse du comté de Comminges.