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1580. — 3 août.

Cop.[1] – B. R. Résidu de Saint-Germain, carton 4, paquet 3, n° 1.


À MONSR LE VISCONTE DE GOURDON[2].

Monsr le vicomte, J’ay receu vostre lettre par Constans, present porteur, lequel m’a aussi presenté plusieurs articles et remontrances sur lesquels j’ay fait la reponce que verrez. Je vous prye pourveoir à conservation de la ville de Cahors, et faire mettre en icelle le plus de bledz, pouldres et aultres munitions de guerre qu’il vous sera possible, attendant mon retour à ladicte ville, lequel j’espere estre en bref. J’ay entendu que vostre compagnye n’estoit encores dressée ; je vous prie la dresser en toute diligence, et aussi faire en sorte que les compaignyes de gens de pied qui sont en garnison en ladicte ville soyent complectes ; et pour l’entretenement desquelles vous ne faul-

  1. Cette lettre est conservée dans un ancien manuscrit intitulé : Recueil de plusieurs lettres des Rois et des Reines de France, d’autres souverains de l’Europe et des ministres d’Estat escrites aux viscomtes, comtes et marquis de Gourdon, Miranbel et Seneviere, tous de mesme maison ; où l’on a ajouté seulement les points et les virgules. Cette prétention de scrupuleuse exactitude s’accorde assez mal avec les altérations qu’on remarque dans la plupart des lettres dont ce manuscrit est composé. Ces altérations et la disparition des originaux nous ont fait renoncer à profiter d’un certain nombre de lettres du roi de Navarre au célèbre vicomte de Gourdon, où les traces de ce remaniement nous ont paru évidentes. Nous avons consulté d’abord notre savant ami, M. Lacabane, à qui nous devons la connaissance de ce manuscrit, et qui connaît à fond, jusque dans les moindres détails, toute l’histoire du Quercy. Cette lettre-ci lui a paru, ainsi qu’à nous, du petit nombre de celles qui sont demeurées intactes. Le ton en est bien celui des lettres du roi de Navarre ; et les événements, qui s’y trouvent relatés sont confirmés par les plus sûres données de l’histoire. Nous avons eu le soin de conserver l’orthographe du manuscrit.
  2. Antoine de Gourdon, d’une très-ancienne et illustre famille du Quercy, fils de Flotard de Gourdon et de Marguerite de Cardaillac, était vicomte de Gourdon et de Gaiffier, seigneur de Cenevières, baron de Puylagarde, chevalier de l’ordre, conseiller d’état d’épée et capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances. Sa terre de Cenevières fut érigée en marquisat l’an 1612. Il n’eut point d’enfants de ses trois femmes, Paule de Coste, Marguerite du Maine et Isabeau de Montbartier. Il mourut vieux en 1616.