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1578.

Les événements placés dans la première partie de cette année sont comme le contre-coup de la concession faite si inopinément par la cour, à la fin de l’année précédente, au parti des religionnaires. Leurs prétentions se relèvent dans tout le Midi et rencontrent partout des résistances ou des représailles. Il s’en suit une foule d’actes de violence, non-seulement des deux partis, mais de bandes indépendantes, qui, à la faveur de ces divisions, se livrent à mille brigandages. Le roi de Navarre et le maréchal de Damville sont en continuelle correspondance pour réprimer ces désordres et en signaler les auteurs.

La présence de la reine mère avec la reine de Navarre, qui arrivèrent à Bordeaux au milieu d’août, et que le roi de Navarre vint recevoir, le mois suivant, près de la Réole, amena les événements du reste de l’année. Ce furent des fêtes et des perfidies, à Auch ; des essais de conférence pour la paix, à Agen, puis à Montauban. N’ayant pu y rien conclure, on se rendit, à la fin de l’année, à Nérac pour y organiser une conférence approfondie.

1579.

La célèbre conférence de Nérac s’ouvrit dans cette ville au commencement de l’année. Le roi de Navarre y traita pendant deux mois les reines et leurs cours avec magnificence. Après beaucoup de pourparlers, où furent prodiguées toutes les ressources de l’éloquence et de la ruse, les articles de la conférence furent arrêtés le 28 février. Le but en était de consolider le dernier édit de pacification. La reine mère parcourut ensuite une partie du Languedoc, accompagnée du maréchal de Damville, devenu duc de Montmorency par la mort de son frère ; et, après être entrée dans le Dauphiné jusqu’à Grenoble, elle revint à Paris au mois de mai. Sa fille Marguerite ne l’avait pas accompagnée dans ses dernières excursions. « Estant fort mal à la cour, disent les Œconomies royales, et haïssant infiniment le Roy son frere, elle estoit aucunement bien avec le Roy son mary. » Elle le soigna dans une maladie qu’il eut à Eause en Armagnac, en juin et juillet. De là ils se rendirent à une assemblée du parti à Montauban, puis à Nérac. « La cour, disent encore les Mémoires