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ruses et artifices ils vous y prouvoquent ; et j’avois chascun jour advis qu’on dressoit des entreprises pour attempter sur ma personne[1]. Toutes ces considerations mises en avant, les justes complainctes de nos Eglises qui imploroient mon assistance m’ont contrainct de venir, en ceste necessité et presse de maulx si extremes, chercher les remedes extremes, protestant devant Dieu et ses anges que c’est à mon tres grand regret, et que mon intention n’est poinct d’atempter contre la personne du Roy que nous recognoissons pour notre souverain seigneur, contre son Estat ny sa couronne, de laquelle je desire la conservation et grandeur, ayant cest honneur d’y appartenir. Ce n’est pour m’enrichir ny augmenter mes moyens ; chascun sçait assez combien je suis esloigné de ce but ; ce n’est que pour nostre desfense, pour nous garantir et delivrer de l’oppression de ceulx qui soubs l’auctorité du Roy et le manteau de sa justice taschent de nous exterminer. Lesquels nous tenons et desclarons pour ennemis de l’Estat, fracteurs des edicts et loix conservatrices d’iceluy. Contre ceulx-là nous portons les armes, non contre les catholiques paisibles, que chascun voit que nous embrassons esgalement sans aulcune passion ny distinction quelconque, auxquels nous n’entendons empescher l’exercice de leur religion ny la perception des biens ecclesiastiques, si ce n’est de ceulx qui suivent party contraire : obtestant tous princes, seigneurs, et magistrats, villes et communautez, et principalement vous, Messieurs de la Noblesse, tous gens de bien, de quelque ordre ou estat qu’ils soient, amateurs de leur patrie, desirant le repos d’icelle, nous secourir et assister, se joindre à nous, à nostre si juste cause, pour laquelle nous sommes resolus d’employer vie et moyens, n’aspirant à aultre fin que de revoir cest Estat en son ancienne splendeur par une vraye et ferme paix ; entiere et non simulée execution des edicts ; par une esgale justice ; par une reunion de tous les subjects d’iceluy en une parfaite obeissance qui est deue à nostre Prince ; chascun remis et reintegré en ses estats,

  1. Voyez ci-dessus, lettres d’avril 1579 environ et de février 1580.