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Esglises de Daulphiné, suivant ce qu’il vous a pleu me mander. Dedans ung jour je feray partir le sr de Lesignan pour vous rendre compte de ce qui s’est passé en ceste assemblée[1] et de toutes aultres particularitez. Presentement je renvoye la Roche, present porteur, devers vous pour cependant vous asseurer de plus en plus, Madame, que je n’ay rien en si grande affection que le service du Roy mon seigneur, et le vostre, le bien de son Estat et l’union et repos de ses subjects, et que tant s’en fault que je veuille adherer à toute premiere nouveauté, ne me joindre ou avoir intelligence avec ceulx qui veulent troubler ce Royaulme et, soubz nouveaux pretextes et desseings couverts du nom et lustre de protection de la religion ou de restauration de l’Estat, rompre la paix publicque, se saisir des places de Sa Majesté, soublever les peuples, que au contraire je suis resolu d’employer mes moyens et ma vie propre pour la conservation de l’Estat et entretenement de la tranquilité publique, suivant mon debvoir et l’obligation et interest que j’y ay. Le soin que j’ay eu d’advertir ceulx de la Religion par toutes les provinces, de ne s’adjoindre aux ligues qui, soubz couleur d’estatz, entreprennent contre l’auctorité du Roy mondict seigneur, faict assez de foy de ma sincérité et de ma droicte intention, entierement esloignée de telles nouveautez et remuemens. L’assemblée qui a esté faicte en ce lieu, et de laquelle mon cousin le vicomte de Turenne vous avoit parlé, ne tend qu’au bien de la paix. Les

  1. Ceci est naturellement expliqué par le passage suivant des Œconomies royales : « Peu après le Roy de Navarre s’en alla avec la Reine sa femme à Montauban, où il fut tenu une assemblée, pour prendre resolution sur ce qui estoit de faire, puisque la Reine s’en estoit allée sans pourveoir aux plaintes de ceux de la Religion. » (Ire partie, chap. x.)