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advisé de vous escrire la presente pour le desir que j’ay d’estre accompaigné de mes serviteurs et amys, au nombre desquels je vous tiens pour l’un des plus affectionnez, vous priant bien fort de vous tenir prest pour me venir trouver lorsque je vous manderay. Et Vous serez le trez-bien venu, et me ferez un singulier plaisir, lequel je recognoistray en toutes les occasions qui s’en presenteront, d’aussy bonne volonté que je prie le Createur vous tenir, Monsr de Lardemalie, en sa saincte et digne garde.

De Montauban, le xixe août 1578.

Vostre bien bon amy,
HENRY.



[1578. — vers le 20 août.]

Orig. autographe. – B. R. Fonds Béthune, Ms. 8890, fol. 36 recto.


À MA MERE, MADAME D’UZES[1].

Ma Mere, Je n’ay voulu laisser partir le sieur de Chassincourt sans me ramentevoir en voz bonnes graces et vous dire l’ayse que

  1. Louise de Clermont, comtesse de Tonnerre, fille de Bernardin de Clermont, vicomte de Clermont et seigneur de Tallard, et d’Anne de Husson, comtesse de Tonnerre. Elle avait épousé, en 1538, François du Bellay, roi d’Yvetot ; elle se remaria, en 1556, à Antoine de Crussol, vicomte d’Uzès, terre érigée en duché, l’année 1565, et en duché-pairie, pendant l’année 1572. La duchesse d’Uzès vivait encore en 1596, et jouissait d’un grand crédit ; ses bons mots sont cités par tous les auteurs contemporains. La reine Marguerite, qu’elle avait accompagnée dans ce voyage, l’appelait ma Sibylle, et lui a adressé sous ce titre quinze lettres, récemment publiées à la suite des Mémoires de cette princesse. Dans une de ces lettres, de 1578, Marguerite de Valois écrit : « Je vois bien, ma Sibille, qu’il y a une grande sympathie entre vous et moy, et que la difference de soixante ans à vingt-cinq n’empesche la conformité de nostre humeur. » Vers la même époque d’Aubigné, qui était encore fort jeune, donnait à la duchesse d’Uzès près de cent ans. Envoyé par le roi de Navarre auprès du maréchal de Damville : « En ceste Cour, dit-il, estoit la dame d’Uzés, à qui pres de cent années n’empeschoient point un esprit ferme et delié » Il est probable qu’il aura exagéré l’âge de cette dame, comme Marguerite l’aura diminué. Le titre si respectueux que le roi de Navarre donne à madame d’Uzès prouve qu’elle était déjà fort âgée. L’Art de vérifier les dates lui donne quatre-vingt-douze ans en 1596.