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forests de Champrond et Chasteauneuf[1] ; n’estant en la dicte commission la somme specifiée, pour certaines considerations que vous pourrés juger : qui est cause que je vous ay bien voulu escrire la presente, et par icelle vous dire que mon vouloir et intention est de faire la dicte vente et coupe jusqu’à la somme de trente mille livres. En quoy je vous prye avoir l’œil, tenir la main, et faire en sorte que le tout soit executé et mis à effect le plus promptement, et en la plus grande diligence que faire se pourra, selon l’asseurance que j’ay en vostre fidelité, laquelle vous m’avés cy devant faict paroistre, vous priant faire garder et observer les reglemens faicts pour la conservation de mes forests ; vous asseurant que je n’oublieray jamais les bons offices et services que vous m’avés faicts et ferés en cest endroict. Lesquels je recognoistray en toutes les occasions qui se presenteront, d’aussi bonne volonté que je prie le Createur, Monsr d’Arcisse, vous tenir en sa saincte garde. De Montauban, ce xe jour d’aoust 1578.

Vostre bon maistre et amy,
HENRY.



1578. – 19 août.

Imprimé. – Lettres de Henri IV.... publiées par N. L. P. Paris, 1814, in-12, p. 84 ; et en extrait dans M. de Courcelles, Histoire des Pairs de France, t. IX, article Foucauld, p. 25.


À MONSR DE LARDIMALIE[2].

Monsr de Lardimalie, Desliberant partir bientost pour aller recueillir la Royne et ma femme qui s’en viennent en ce pays[3], j’ay

  1. Les deux petites villes dont il s’agit ici étaient toutes deux dans l’ancienne province du Perche, aujourd’hui dans le département d’Eure-et-Loir. Il a déjà été plusieurs fois question de Châteauneuf-en-Thimerais ; Champrond-en-Gâtine n’en est pas éloigné.
  2. Jean Foucauld, seigneur de Lardimalie, etc. baron d’Auberoche, fils de Bernard Foucauld et de Gabrielle de la Faye, fut nommé, le 15 juin 1574, gouverneur du comté de Périgord et de la vicomté de Limoges ; le 29 juillet 1576, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de Navarre. Il devint chambellan de Henri IV, roi de France, et fut tué d’un coup de canon en 1606.
  3. La reine Marguerite, dans ses Mémoires, parle aussi de cet accueil : « Dans peu de temps nous fûmes en Guyenne, où dés que nous entrasmes dans le gouvernement du roy mon mary, l’on me fist entrée par tout. Il vint au-devant de la royne ma mere jusques à la Reolle, ville que ceux de la Religion tenoient : la desfiance qui estoit encor alors (la paix n’estant encore bien establie) ne luy ayant peu permettre de venir plus oultre. Il y estoit trés-bien accompaigné de tous les seigneurs et gentilhommes de la Religion de Gascongne, et de quelques catholiques. » (Édition de M. F. Guessard, p. 158.)
    C’estoit, dit d’Aubigné, au temps de la fin d’aoust 78, sur le point que la Royne mere et sa fille arrivoient à Bordeaux, et de là s’acheminerent en une maison entre Saint-Macari et la Reole, où le roi de Navarre les fut recevoir accompagné de six cens gentilhommes. » (Hist. univ. t. II, l. IV, chap. II.)
    « La Royne mère, dit Mézeray, estoit en Guyenne, où elle estoit allée conferer avec le roy de Navarre, sous pretexte de luy mener sa femme, qu’il n’aimoit gueres et dont il estoit encores moins aimé. » (Abrégé chronologique.)