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1578. — 18 juillet. – IIme.

Orig. – arch. de famille de M. le comte Henri de Bouffard de Gandels. Envoi de M. Moquin-Tandon, professeur à la Faculté des sciences de Toulouse.


[À MONSR DE LA GARRIGUE.]

Monsr de la Garrigue[1], j’envoye par delà le sr d’Yolet Puysur[2], present porteur, pour faire entendre à chascun le desir et affection que j’ay à l’execution de l’edict de pacification, à l’advancement de l’honneur et gloire de Dieu, et à la conservation et seureté des sieurs gentilshommes, capitaines et aultres qui font profession de la religion reformée et aimans la paix, unyon et concorde. Et m’asseurant du zele et affection que vous avez à l’ung et à l’aultre poinct, et à mon interest particulier ; je vous prie bien fort de vous y accourager et disposer de plus en plus, cessant et faisant cesser, en tant que vous sera, tous actes d’hostilité et vous rapportant au contenu du dict edict. En quoy faisant, j’espere que Dieu nous benira. Et si par mes moyens je puis advancer son service et le bien et repos du pays, je n’en espargneray aulcuns, non pas ma propre personne. Comme aussy voulentiers m’employeray-je pour vostre particulier, s’en presentant l’occasion, ainsi que vous dira plus amplement le sr d’Iolet, lequel je vous prie de croire comme moy mesme. Et, m’en remettant sur sa

  1. Jean Bouffard, seigneur de la Garrigue, était un des capitaines zélés du parti. Il avait dirigé en 1574, avec son frère, la surprise de la ville de Castres sur les catholiques.
  2. Pierre de Malras, baron d’Yolet, au diocèse de Saint-Flour, avait été gouverneur de Buzet, dans le diocèse de Toulouse, en 1572. En 1573 les religionnaires de Nîmes le chargèrent d’une mission auprès de Henri III, puis ceux de Milhau le députèrent, pour négocier la paix, vers le maréchal de Damville, auprès duquel il arriva au mois de mai 1574. Il fut fait maréchal de camp le 9 juillet 1575. On le trouve en 1577 parmi les capitaines rassemblés en Languedoc par Chastillon. Le 27 mai 1578, il est envoyé à Castres pour y faire observer la paix, et se rend de là à la Bruguières pour obtenir la liberté des prisonniers qu’y avait faits la Crouzette. Après la mission que constate cette lettre, on le voit encore plus tard chargé de l’exécution des articles de la conférence de Nérac, puis envoyé à la cour en 1583.