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1578. — 14 mars

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8844, fol. 53 recto.


À MON COUSIN MONSR DE DAMPVILLE,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Tout ainsy que je n’ay point encore veu une si entiere obeissance es catholiques à l’observation de l’edict de pacification, aussy n’ay-je point cogneu une si grand obstination en ceulx de la Religion contre l’establissement de la paix, ne entendu qu’ils se soient efforcez de faire tant d’entrepinses et surprinses comme vous m’escrivés par la lettre que j’ay receue par ce porteur[1] ; si ce n’est qu’à present ung capitaine Pierreur, ayant practiqué soixante soldats, a surpris ceste ville ainsy que j’estois arrivé à Mazeres ; mais je n’ay failly d’y envoyer le sr Dodou[2], qui a trouvé moyen d’entrer dedans, où incontinent je me suis aussy acheminé, et ay envoyé vers messrs du parlement de Thoulouze et monsr le seneschal de Cornusson[3], pour

  1. Plusieurs chefs des réformés et plusieurs villes de la même communion s’étaient livrés à des actes d’hostilité, au mépris du dernier traité. « Damville, dit Vaissète, se plaignit au roi de Navarre de ces infractions de l’édit de pacification, dont le Roi lui commit de nouveau l’exécution dans toute la province. » (Histoire générale de Languedoc, l. XL.)
  2. Le texte porte Dodou. Ce qui peut autoriser à lire d’Audon, c’est que cette confusion paraît avoir déjà été faite. On trouve dans la généalogie de la maison de Lévis, un Claude de Lévis, baron d’Audon et de Belesta, mentionné seulement comme ayant épousé Louise de Lévis, veuve du sr de Chalabre, et qui fut veuve de ce second mari en 1598. D’un autre côté le marquis d’Aubais, dans ses notes sur le journal de Faurin, nomme Jean-Claude de Lévis, baron d’Audou, de Belesta, de Fougan et de Lagulhon, second fils de Gaston de Lévis, seigneur de Leran, et de Marie d’Astarac-Fontrailles. Il lui assigne de même pour femme Louise de Lévis, qu’il fait également veuve en 1598. Il est donc évident qu’il appelle baron d’Audou le même personnage qui est nommé baron d’Audon dans la généalogie de la maison de Lévis. Nous ajouterons encore qu’en 1572 M. de Sérignac, qui commandait les religionnaires de Montauban, avait nommé le sieur Dodon, ou Daudon, gouverneur de Saint-Paul. (Voyez l’Histoire générale de Languedoc de dom Vaissète, l. XXXIX.)
  3. François de Valette, dit de la Valette, seigneur de Cornusson et de Parisot en Guienne, fils de Guyot de Valette et d’Antoinette de Nogaret, neveu de Jean de Valette, grand maître de Malte, était chevalier de l’ordre, conseiller d’état, gouverneur et sénéchal de Toulouse, capitaine de cinquante hommes d’armes. Il mourut à Toulouse, à la mi-décembre 1586. Sur la distinction entre les maisons de la Valette-Cornusson et la Valette-Nogaret, voyez l’Histoire abrégée de Guienne, par Louvet, p. 180.