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depputent poinct de leur part qui ne soient suffisans. J’ay eu aujourd’huy nouvelles de mon cousin, monsieur le prince de Condé, qui me mande qu’il a bien pourvu ses places, et qu’il sçait qu’en nous amusant on veult avoir la Charité[1], pour apres faire fondre toutes les forces en ce pays de Guyenne ; à quoy il nous fault penser et prevoyr, et y pourveoir de bonne heure. Cependant je vous prie faire entier estat de moy, de mon amitié et de tout ce qui est en ma puissance, et croire ce porteur de ce qu’il vous dira de ma part comme moy-mesme, comme aussi j’ay commandé à Du P[in] de vous faire entendre plusieurs particularitez. Sur ce, je prye Dieu vous tenir, mon Cousin, en sa tres saincte garde et protection. A Agen, le xvije d’avril 1578.

Votre plus affectionné cousin et parfaict amy,
HENRY.
[1577. — vers la mi-avril.]

Cop. – Arch. de famille de M. le baron Gaston de Flotte, à Marseille.


[À MONSR DE ST GENYES.]

Monsr de Sainct Genyes[2], Je [pense] que je ne pourray aller querir l’artillerie [que dans] le commencement du mois, ainsy que me

  1. A peu près au moment où le roi de Navarre écrivait cette lettre, la ville de la Charité était prise ; voici ce qu’en dit Mézeray : « Au commencement d’avril le duc d’Anjou assiégea la Charité avec douze mille hommes de pied et trois mille chevaux. Les ducs de Guise et d’Aumale estoient ses lieutenans, la Châtre son maréchal de camp, et à vray dire son directeur. La place fut investie si promptement, que Jacques de Morogues, qui en estoit gouverneur, n’y put faire entrer de gens de guerre ; de sorte que, n’ayant que cent cinquante hommes pour deffendre trois bresches, il capitula après avoir soustenu deux assauts. » (Abrégé chronologique, ann. 1577)
  2. Du Plessis-Mornay, après avoir exposé en quoi consistent les pays souverains du roi de Navarre, ajoute : « Le seigneur de S. Geniez, gentilhomme de grande qualité, vertu et expérience, commande aux susdits pays au titre de lieutenant général. » (Mém. t. I, p. 183.) Armand de Gontaut, seigneur de Saint-Geniez, de la Capelle et d’Andaux, baron de Badefol, etc. fils aîné de Jean de Gontaut, seigneur de Saint-Geniès, etc. et de Françoise d’Andaux, sénéchal de Béarn en 1564, chevalier de l’ordre du Roi en 1565, gentilhomme ordinaire de la chambre, et conseiller de la reine en 1568, fut aussi conseiller et chambellan du duc d’Anjou, frère du Roi, et enfin gouverneur et lieutenant général pour le roi de Navarre en ses pays souverains. Il vivait encore en 1591. Son fils aîné, Hélie de Gontaut, marié à Jacqueline de Béthune, sœur de Rosny, fut aïeul du maréchal de Navaille (Philippe de Montault-Bénac). Le roi de Navarre et sa sœur madame Catherine avaient la plus grande confiance dans M. de Saint-Geniès.