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receu et entendu par le dict de la Chevalerye, tant affin que vous ayez cognoissance de tous noz affaires, et que puissyez voir clair en noz actions, que aussy pour avoir vostre advis et sage conseil au progres de ceste negociation, sans lequel je ne veulx traicter, accorder ne conclure, et sans le consentement general, comme il est trop raisonnable qu’un affaire universel soit traicté generalement. Et parce que de leur part ils ont faict election de personnages qui sont des plus advisez et suffisans de ce Royaume ; à sçavoir les sieurs de Biron, de Foix, de Pibrac[1], le dict president, la Motte Fenelon[2] et aultres de ce rang et qualité, il ne fault demeurer courts de nostre part ; ains est be-

  1. Le célèbre auteur des Quatrains moraux, Guy du Faur, seigneur de Pibrac, quatrième fils de Pierre du Faur, seigneur de Pujols, président au parlement de Toulouse, et de Gaufide-Douce, dame de Pibrac, fut successivement conseiller au parlement de Toulouse, juge-mage, député aux états d’Orléans en 1559, ambassadeur de France au concile de Trente, avocat général au parlement de Paris. Quand le duc d’Anjou partit pour la Pologne, dont il venait d’être élu roi, Pibrac l’accompagna comme chancelier et y fut envoyé ensuite comme ambassadeur après l’avénement de Henri III au trône de France. Il devint, en 1577, président à mortier au parlement de Paris, et chancelier de la reine de Navarre. Cette lettre prouve qu’il se trouva, la même année, auprès du roi de Navarre, dont son frère, Louis du Faur, seigneur de Gratens, était chancelier.
  2. Bertrand de Salignac, Salagnac ou Salaignac, de la Mothe-Fénélon, vicomte de Saint-Julien, de Lanpont et baron de Lobert, le septième des enfants de Hélie de Salignac et de Catherine de Ségur-Théobon, était né en 1523. Il fut conseiller d’état, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances, chevalier de Saint-Michel en 1567, ambassadeur en Angleterre de 1568 à 1575, chevalier commandeur du Saint-Esprit à la première promotion en 1578, envoyé de nouveau en Angleterre en 1581, au sujet du projet de mariage du duc d’Anjou avec Élisabeth. De retour dans le Périgord, sa province, il combattit constamment les protestants jusqu’à la fin du règne de Henri III, et aussitôt après la mort de ce prince, fut un des premiers seigneurs catholiques qui se rallièrent à son successeur. Le 11 avril 1599 Henri IV le nomma ambassadeur en Espagne. M. de Fénélon, âgé de soixante et seize ans, se mit en route pour ce royaume, et arrivé à Bordeaux, il y mourut le 13 août 1599. Sa loyauté et la dignité de son caractère l’avaient distingué parmi les agents de Catherine de Médicis, qu’il servit toujours très-fidèlement, ainsi que le prouve sa correspondance diplomatique, publiée, en sept volumes in-8o, par M. A. Teulet. Cette édition importante, dans laquelle nous puisons ces renseignements biographiques, fait parfaitement connaître ce personnage considérable et sa maison. Il était, dit un mémoire authentique cité par M. Teulet, « de ceux de Salignac en Perigort, qui est une grande famille bien ancienne et bien noble de barons au pays de Guyenne. » Bertrand de Salignac eut pour neveu au sixième degré le célèbre archevêque de Cambrai.