Cette page a été validée par deux contributeurs.
mercyer, et pryer de croire que combien que soyés de ceulx-là du Pape je ne avois, comme le cuydiés, mesfiance de vous dessus ces choses. Ceulx qui suivent tout droict leur conscience sont de ma religion[1] ; et moy je suis de celle de tous ceulx-là qui sont braves et bons. Sur ce, je ne feray la presente plus longue, sinon pour vous recommander la place qu’avés en main, et d’estre sur vos gardes, pour ce que ne peut faillir que ne ayez bientost du bruict aux oreilles. Mais de cela je m’en repose sur vous comme le devez faire sur
Vostre plus asseuré et meilleur amy,
HENRY.
HENRY.
- ↑ Il fallait toute la tolérance et l’habileté du roi de Navarre pour tenir réunis à sa cour des hommes entre lesquels la diversité des opinions et des intérêts jetait tant de germes de discorde. D’Aubigné laisse voir son dépit, en racontant qu’alors, en 1576, ce prince « se montra le partisan des catholiques en beaucoup de façons. » Sully, plus impartial, bien que de la même religion que d’Aubigné, expose ainsi l’état de cette cour, où il semblait « qu’il y eust, dit-il, deux partis : l’un de catholiques, composé de MM. de Laverdin, Miossens, Grand-Mont, Duras, Roquelaure, Saincte-Coulombe, Begoles, Podins et autres ; l’autre de huguenots, composé de messieurs de Thurenne, Mont-Gommery, Guitry, Lesignan, Favas, Pardaillan et autres, lesquels par plusieurs fois faillirent d’en venir aux mains… Le Roy de Navarre se trouvant bien empesché à concilier tant d’esprits et de fantaisies diverses, luy eschappant quelque-fois de dire qu’il sembloit avoir plus d’obligation aux catholiques que non pas aux huguenots, d’autant que ceux-ci le servoient et assistoient à cause des interests de leurs personnes et de leur religion, au lieu que les autres n’y estoient menez que par la seule affection qu’ils portoient à sa grandeur et à sa fortune, au prejudice de leur propre creance et religion. » (Œconom. royales, Ire partie, chap. VIII.)