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cultivant l’esprit, de faire beaucoup pour l’un et presque rien pour l’autre ; alors les talens qui devroient seconder les bonnes mœurs, deviennent des armes contre elles. N’espérons pas d’ailleurs que jamais les mœurs puissent fleurir, si elles n’ont la religion pour appui. Ce bon Plutarque disoit avec raison qu’il seroit plus facile de bâtir une ville en l’air que d’établir une société sans culte.

À cette réforme salutaire pourroient contribuer puissamment les hommes qui cultivent leur raison et particulièrement les écrivains, si par une sainte confédération ils travailloient sans relâche à répandre des idées lumineuses, à inculquer des sentimens généreux. Quelques-uns se sont voués à l’ignoble métier de prêcher l’abjection au lieu de la soumission. Optimistes politiques, décidés à encenser quiconque a le sceptre de la puissance, ils embouchent la trompette de la louange, dès qu’à leurs yeux on fait briller de l’or et des rubans ; mais il en est aussi qui, respectant la dignité de l’homme, abjurant les rivalités et les haines, sont dévorés du