Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent, et que l’arc soit plus tendu, pour qu’enfin il se rompe.

De tous les apologues que nous ont laissés les fabulistes, la morale de celui par lequel débute le recueil de Phèdre, est, sans contredit, de l’application la plus constante et la plus générale ; cette lutte interminable de la force contre la foiblesse, est un problême dont on demanderoit vainement la solution à la philosophie. Platon, Timée de Locres et Cicéron, y avoient entrevu le phénomène d’une dégradation primitive. Le christianisme a révélé le mot de l’énigme ; il épouvante le crime et console la vertu, en montrant, par delà les bornes de la vie, un tribunal auquel comparoîtront les sacrificateurs comme les victimes ; mais loin d’interdire aux hommes les efforts qui, pour eux, pour leurs concitoyens et l’espèce humaine en général, peuvent amener un meilleur ordre de choses, la religion leur en fait l’injonction formelle.

On ne peut se dissimuler qu’une défiance assez générale, une guerre sourde existe entre ceux