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par les accusés, mais admettons qu’il soit vrai, nous aurons le droit d’en scruter les causes.

Il est des vertus qui ne fleurissent guère qu’à l’ombre de la liberté et de l’aisance ; il est des vices inhérens, pour ainsi dire, à l’esclavage et à la misère des hommes qu’on a expropriés et asservis : a-t-on droit d’exiger d’eux ces vertus et de leur reprocher ces vices ? À leur place que serions-nous ? car elle est vraie en partie cette maxime d’un philosophe qui d’ailleurs a débité beaucoup d’erreurs : L’homme est le produit de son éducation et des circonstances. Si l’éducation est nulle, ou vicieuse ; si la patrie, mère des uns, est marâtre des autres ; si des constitutions protectrices et en même temps oppressives, répartissent les avantages avec une partialité qui fomente d’une part l’orgueil, de l’autre l’envie et la haine, cet état de choses accuse le Gouvernement : à ces causes si fécondes de dépravation dans diverses contrées de l’Europe, si l’on ajoute les jeux publics, les loteries et tant d’institutions immorales qu’on entoure de prétextes spécieux, mais dont l’u-