Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est très-louable le zèle que déploye le Gouvernement britannique contre la traite des Nègres, mais quand obtiendra-t-elle justice cette Irlande, martyre depuis plusieurs siècles, et dont les annales présentent l’exemple unique dans l’histoire d’une nation entière qu’on a expropriée arbitrairement ? Lorsqu’on se montre si fervent en faveur des Africains, pourquoi refuser obstinément l’émancipation politique à cinq millions de catholiques ? Que répondrez-vous aux partisans de l’esclavage colonial, s’ils vous objectent que vous aimez les hommes à mille ans ou mille lieues de distance, pour vous dispenser d’aimer vos voisins et d’être équitables envers eux ? Quoi, le fils d’un Noir, né en Angleterre, aura, s’il est protestant, tous les droits de cité, qu’on y refuse impitoyablement à un Blanc, parce qu’il est catholique ! Faut-il qu’on ait à reprocher une telle inconséquence à un peuple qui, tant de fois, a déployé un caractère magnanime et généreux, et qui, dans ces derniers temps, a couvert de bienfaits les émigrés de France ? à un peuple