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système des apologistes de la traite est habilement calculé pour éterniser l’esclavage.

Malheur à la politique qui veut fonder la prospérité d’un pays sur le désastre des autres, et malheur à l’homme dont la fortune est cimentée par les larmes de ses semblables ! Il est dans l’ordre essentiel des choses réglées par la Providence, que ce qui est inique soit en même temps impolitique et que d’épouvantables catastrophes en soient le châtiment. L’homme coupable ne subit pas toujours ici-bas la peine due à ses crimes, parce que, suivant l’expression de saint Augustin, Dieu a l’éternité pour punir. Il n’en est pas de même des nations : car, envisagées sous cette dénomination collective, elles n’appartiennent pas à la vie future. Dès ce monde, suivant le même docteur, elles sont ou récompensées, comme le furent les Romains, pour quelques vertus humaines[1], ou punies comme l’ont été tant de peuples, pour des crimes nationaux, par des calamités nationales. Ces calamités sont des événemens sur les-

  1. V. Saint-Augustin, de Civitate Dei, lib. 3 et