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on veut l’adapter au régime des nations ? Dans le traité qui stipule la conservation de la traite, on avoue que ce commerce est repoussé par les principes de la justice naturelle. Ce qu’on peut traduire en ces mots : nous savons que la traite est un crime, mais trouvez bon que nous le commettions encore pendant cinq ans.

Tous les armateurs pour la côte de Guinée et leurs partisans invoquent à leur tour la prétendue raison d’état. La grâce la plus signalée qu’ils accordent aux adversaires de la traite est de ne voir en eux que des esprits exaltés, des hommes à courte vue, dont la théorie est séduisante, mais détestable en pratique. Plusieurs écrivains avouent que la traite blesse la justice naturelle, et qu’elle est un commerce révoltant[1] ; mais en même temps ils soutiennent que la raison s’oppose à l’abolition subite ; c’est dire en d’autres termes, qu’en certains cas, la

  1. Réfutation d’un écrit intitulé : Résumé des Témoignages touchant la traite, etc., par M. Palissot de Beauvois. 8°., Paris, 1814, pag. 22.