anticipée, périssent excédés d’inanition, de fatigues et de coups. Si des relations sans nombre n’avoient appris à l’Europe quel est le sort des esclaves dans les Antilles, il suffiroit de jeter les yeux sur le tableau déchirant qu’en a tracé un ecclésiastique qui, pendant son séjour à Saint-Domingue, déployoit à leur égard une charité compatissante. Tel est peut-être le motif pour lequel l’ouvrage anonyme du Père Nicolson[1] est rarement cité dans les écrits des partisans de l’esclavage. Pour émouvoir la pitié, ils parlent de leurs sueurs : ont-ils jamais articulé un mot, un seul mot sur les sueurs de leurs esclaves ? Quel moyen de raisonner avec des hommes qui, si l’on invoque la religion, la charité, répondent en parlant de cacao, de balles de coton, de balance du commerce ; car, vous disent-ils, que deviendra le commerce si l’on supprime la traite ? Trouvez-en qui dise :
- ↑ Voyez Essai sur l’Histoire naturelle de Saint-Domingue, etc. 8°., Paris, 1776, pag. 51-59.