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liégeois-français


A
AB


A, subs. A, a, première leltre de l’alpliabet ; première voyelle. — L’â è l’prumî lett del kreûhett : l’a est la première lettre de la croix-de-pardieu, des abécédaires. — On gran A : un grand A, un A majuscule. — On p’ti â : un petit a, un a minuscule. — Deù-z-â, treû-z-â, kwatt-r-â : deux a, trois a, quatre a. — Ji n’a nin oûie. fai n’ panss d’â : je n’ai pas fait aujourd’hui une panse d’a. — Jihan-Gîl ess-t-on boubiet ki n’sé ni â ni b : Jean-Gilles est un ignorant qui ne sait ni a ni b. — On l’a r’mètou a l’â, b, c : on l’a remis à l’a, b, c, aux éléments, aux premiers principes d’un art, d’une science, à l’abécédaire, au syllabaire.


A, int. Ha ! ah ! Exclamation de surprise, d’étonnement. — A, kî vola ! Ah ! vous voilà !


A et Â, prép. Au, aux, à, en. — A toir ou a dreû : à tort ou à droit. — C’ess-t-a vo a v’z-espliké : c’est à vous à vous expliquer. — Pârlé â Roi : parler au Roi ou aux rois. — Diné â-z-ôtt : donner aux autres, donner à autrui. — Ti va-t-a Tonk : tu vas à Tongres. — Viné-z-â feû : approchez-vous du feu ; venez vous chauffer[1]. — Inn feum moucèie a om : une femme travestie en homme. — Kèté a l’oneûr dè Sin-Sakramin : quêter en l’honneur du Saint-Sacrement. — A l’aiw ! Au feu ! — Â moudreû ! Au meurtre !


A, s. Ail, sorte de petit ognon d’un goût très-fort ; rocambole, échalotte d’Espagne ; cive ou civette. — Hîv d’à : tête, gousse d’ail. — Odeûr d’à : odeur alliacée. — Magnî dè-z-a : manger de l’ail, des aulx ou des ails. — Sâz-â-z-a : aillade, sauce à l’ail. — Sin-Pîr, plante tè-z-a ; Sin-Pîr, lôïe tè-z-a ; Sin-Pîr, râïe tè-z-a : S. Pierre, plante tes aulx ; S. Pierre, lie tes aulx ; S. Pierre, arrache tes aulx[2].


Aairî, v. (J’aairèie, no-z-aairian). Aérer, donner de l’air, chasser le mauvais air. — Aairî n’pless a doirmi, on grinî : aérer une chambre à coucher, un grenier.


Âb, s. Arbre, plante boiseuse, le plus grand des végétaux. — Dè hô-z-âb : de hauts arbres, arbres de haute tige. — Houlé âb : arbre tortu. — On gran maik âb : arbre élancé. — Âb a bouïott : arbre loupeux. — Koh d’âb : branche d’arbre. — Pèlott d’âb : écorce d’arbre. — Fog d’âb : fourchon. — Bog d’âb : tronc, gros de l’arbre. — Chabott d’âb : creux dans un arbre, abreuvoir. — Li heûv d’inn âb : l’ensemble des branches. — Kou d’âb, sitrouk d’âb : souche d’arbre, chicot. — Rècenn d’âb : racine d’arbre. — Al kopett di l’âb : au faîte, à la cime de l’arbre. Pèlé n’âb : écorcer un arbre. — Riplanté dè-z-âb : transplanter des arbres. — Âb kiflndou par li jalaie : arbre gélif, plein de gélivures. — Kôpé lè r’jet dè-z-âb : ébourgeonner les arbres. — Dikohî n’âb : ébrancher, élaguer un arbre ; faire l’ébranchement d’un arbre. — Ditiestè inn âb : étêter, écimer, éhouper un arbre. — Fé n’foss âtoû d’inn âb : cerner un arbre. — Fè fintt inn âb to l’sèchan ju : écuisser un arbre en rabattant. — Rikopeû d’âb : élagueur. — Li boi d-l’âb : la partie ligneuse de l’arbre. — Al difouïetâh dè-z-âb : à la chute des feuilles, quand les arbres

  1. Bien des personnes disent : venez au feu, ce qui est l’équivalent de venez dans le feu.
  2. Traduction littérale d’une allusion aux trois époques de l’année où les jardiniers plantent, soignent et arrachent les ails, et qui sont marquées par les trois fêtes de S. Pierre, martyr, dans le mois d’avril ; de S. Pierre et S. Paul, en juin, et de S. Pierre-ès-Liens, en août.