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Dictionnaire. J’ai pensé qu’à l’instar de beaucoup de langues de l’Europe, l’orthographe la plus naturelle, la plus simple et en même temps la plus facile à apprendre, est celle qui est le signe représentatif de la prononciation ; de sorte que j’exclus comme superflue toute lettre qui ne la change pas.

J’ai été heureux de me trouver, sur ce point capital, en accord parfait avec plusieurs philologues dont la capacité littéraire est inscrite au livre de la Renommée. D’une part, feu M. Adolphe Lesoinne, que la mort a enlevé trop tôt aux sciences et aux lettres, m’avait, par ses bienveillants avis, encouragé à suivre la route que je m’étais tracée. À leur tour, par leurs affectueux conseils et les intéressants manuscrits qu’ils ont bien voulu me confier, M. le curé Du Vivier [1] et M. le général Brixhe [2], partageant la même opinion que celle du regrettable professeur de notre Université, ont été pour moi de puissants auxiliaires. Fort de leur assentiment et de leur imposante autorité, j’ai marché avec toute assurance, et aucune considération n’aurait pu me faire écarter du principe que j’avais posé de concert avec eux.

En conséquence, j’écris l’om, li feum è l’èfan : l’homme, la femme et l’enfant ; au pluriel ; lè-z-om, lè feum è l’z-èfan : les hommes, les femmes et les enfants. II est visible que le z n’est pas ici la marque du pluriel, laquelle est absolument inutile [3] ; on l’emploie seulement par euphonie, pour

  1. Auteur d’un Dictionnaire wallon-français et d’un Dictionnaire des rimes wallonnes, riches collections qui mériteraient bien les honneurs de l’impression.
  2. Opuscule dans lequel hauteur propose un système d’orthographe wallonne dans ses rapports avec les autres langues connues ; ouvrage sérieux et digne d’être médité par les amateurs.
  3. Cette particularité n’a rien d’étrange ; elle se remarque dans les verbes allemands, hollandais et flamands, au participe passé, lequel est invariable, c’est-à-dire que, dans tous les cas, il ne reçoit ni la marque du pluriel ni celle du féminin, quoique les verbes français soient, dans la même circonstance, soumis à quatre inflexions différentes.