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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Saint-Jacques, qui guettait sa sortie de la Faculté, comme jadis, à quatre heures, lorsqu’il faisait beau, elle venait l’attendre au parloir.

Rien ne semblait trop rigoureux à cette femme tenace dans les décisions qu’elle prenait. Au contraire, une mesure en dictait une autre. Son esprit s’épuisait à nourrir des craintes et sa malice, à l’instant même, les rendait caduques par de minutieuses précautions. Un subit déchirement s’était fait en elle lorsqu’elle avait, de la voiture, surpris son beau-fils caressant les doigts d’une jeune fille. L’explication venue ensuite l’avait atterrée. Jamais, fût-ce une seconde, fût-ce pour en rire, elle n’avait, de sa vie, imaginé Marc dans la posture d’un amoureux traité sérieusement. Pas même ce jour-là, jusqu’au choc. Non, vraiment, l’hypothèse ne s’était pas faite. Elle redoutait, savait-elle quoi ? quelque gaminerie, tout au plus une station entre camarades devant un verre de grenadine ou de quinquina. Pas une pareille compromission ! Pas une telle horreur ! Peut-être, oui, en cherchant bien, du goût pour le jeu. Allons, mille faiblesses, tout en somme, mais un tout propre et limité par le vraisemblable ! Tout, excepté l’avis brutal, et pour elle tragique, jeté à sa face en pleine rue, que Marc n’était plus un enfant, que sa nature, un peu tardive, se dégourdissait, en un mot, qu’il prenait sa qualité d’homme.

Cette évidence, considérée pour la première fois, l’esprit d’Hélène s’en pénétrait à la réflexion, mais son cœur et ses nerfs ne pouvaient l’admettre. Bien que normale, elle l’indignait et la révoltait. Ainsi,