Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée
76
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

coquine ! Commencer à votre âge à courir les hommes, c’est faire preuve d’une nature singulièrement trouble. Et pleine de promesses, croyez-moi ! Je plaindrais vos parents, s’ils le méritaient ! Puisqu’ils vous laissent vagabonder à la longueur du jour, ce qui leur arrive est fort bien, il faudrait que je fusse la dernière des bêtes pour m’apitoyer sur leur compte. Cependant, retenez, de ma part, ceci : je vous invite une fois pour toutes (son accent vibra, l’autorité qu’elle sut donner à cette injonction était réellement d’une grande dame), une fois pour toutes, répéta-t-elle en scandant les mots, à cesser tout rapport avec mon beau-fils. Marc n’est pas un fantoche pour gamine vicieuse. Libre à vous d’essayer, par vos manigances, de le ressaisir malgré moi. Mais alors, vous verrez comme j’y mettrai fin !

Elle suspendit son algarade. La jeune fille pleurait. Hélène grinça des dents, haussa l’épaule, se redressa pour accabler d’une dernière injure le timide visage convulsé, le parcourut encore une fois d’un regard furieux. Puis, s’éloignant d’un pas rapide, sans tourner la tête :

— Viens, dit-elle à Marc, nous partons !

Devant la grille, elle s’assura qu’il marchait près d’elle et fit signe à un fiacre, où elle le poussa. Dans le trajet du Luxembourg à la rue Vaneau, ils n’échangèrent pas une parole.

Marc fila dans sa chambre, aussitôt rentré. La confusion et le dépit lui brûlaient les joues. Surpris par Hélène en plein tort, il n’avait ni songé à la