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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

se pencha sur lui, et soudain s’aperçut qu’elle faisait par goût ce qu’elle croyait faire par devoir. À tout propos, se nouèrent entre eux des conversations qu’un mois avant, quelquefois même une semaine plus tôt, elle aurait jugées impossibles. Marc y tenait ordinairement le rôle d’auditeur, tandis qu’Hélène y déployait cette passion d’instruire qui, supposé qu’elle l’eût saisie pauvre et roturière, l’eût donnée certainement au professorat.

Elle le mena voir des musées. L’inclination de Marc pour la peinture lui avait conseillé ce divertissement, qui, d’ailleurs, elle-même, l’enchantait. Bridée par ses fonctions d’éducatrice, tout au plus, en dix ans de vie parisienne, avait-elle pu se l’accorder, à longs intervalles, une douzaine de fois sans scrupule. Mais toute espèce de catalogues et d’ouvrages sur l’art qu’elle se procurait avidement, des albums de gravures, des photographies l’avaient toujours entretenue dans l’admiration et dans l’atmosphère des merveilles dont les originaux lui restaient cachés. Comme ces visiteurs de province qui, renseignés par la lecture d’innombrables guides, montrent leur ville aux naturels de la Plaine-Monceau, elle connaissait Carnavalet et le Luxembourg, une partie du Louvre et Guimet, à pouvoir diriger à travers leurs salles la plupart des flâneurs et des ennuyés qui les croient pour eux sans mystère. Un goût très fin lui permettait de masquer les vides que présentait nécessairement son érudition. Elle était des rares femmes qui, sans pédanterie, trouvent quantité de choses à dire devant un tableau.