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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

jours son maître, elle avait dû se raisonner, faire état d’un chiffre, se persuadant qu’à l’âge de Marc, si léger qu’il fût, quelque tolérance s’imposait. L’expérience lui prouvait qu’elle avait eu tort. Nulle déception, bien au contraire. Elle était ravie.

Marc se vit gratifier d’une règle assez souple et cependant assez étroite pour le comprimer. Il s’éloignait de la maison juste pour les cours et devait rentrer à heure dite. Quelques retards peu importants, soigneusement notés, avaient dicté à sa belle-mère cette première mesure. Puis Hélène, s’engageant avec décision dans un cycle d’études tout nouveau pour elle, se mit en tête d’approfondir les ouvrages de Droit, en devoir d’élaguer de ces mastodontes ce qui lui semblait superflu, pour ne laisser, dans chacun d’eux, briller que le suc, subsister que l’utile et le substantiel. C’était isoler l’esprit même. Par ce travail, elle arrivait à combler les vides que semait l’insouciance dans les notes de Marc. Elle proposait à ses efforts un aliment net. Et elle tenait pour nécessaire, exigeait de lui qu’il l’assimilât jour par jour.

Le nouvel étudiant se montrait docile. Trop indolent pour se complaire à braver une lutte qui lui paraissait inégale, après l’accès d’indépendance qui l’avait secoué, il était retombé dans son apathie. Mille détails lui donnaient des satisfactions. Une pension de cent francs pour ses menus frais venait, chaque mois, garnir sa bourse et pouvait filer sans qu’il en dût compte à personne, la cigarette, certaines lectures lui étaient permises, les cours de