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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Son instruction lui permettait, la plupart du temps, de l’accomplir sans un effort vraiment rigoureux et, pour le reste, elle demandait à sa volonté de quoi n’y pas être inférieure.

Rien, au surplus, n’avait gêné cette puissante jeune femme dans sa laborieuse entreprise. Le commandant tenait la mer les trois quarts de l’an et, fidèle aux promesses de ses fiançailles, n’intervenait domestiquement en aucune manière lorsqu’il se trouvait en congé. Outre les exigences de sa rude vie, qui le laissaient sans étonnement ni délicatesse devant une sévère discipline, il avait, pour se fier aux méthodes d’Hélène, les arguments que lui soufflait une adoration à chaque retour plus impérieuse et plus déférente. Si, quelquefois, avec réserve, ainsi qu’on l’a vu, il se risquait à proférer une sérieuse remarque, c’était toujours pour déplorer que l’absence de foi se fît trop sentir chez sa femme. Et encore, sur ce point, rompait-il bientôt devant les rires ou les défenses qu’on lui opposait.

Hélène régnait donc sans partage. À l’époque où commence cette histoire vécue, Marc venait d’avoir dix-sept ans. Il était bachelier depuis deux grands mois. D’un physique agréable et plutôt joli, avec des cheveux blonds, une bouche petite, un regard qu’il tenait fréquemment baissé, mais que la moindre animation rendait expressif et chargeait d’un bel éclat fauve, il avait cette sveltesse de l’adolescence qui ne permet, comme aux jeunes chats leur parfaite structure, que des