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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

parées, s’étaient bientôt tues. Dans une ville de province, la modestie règne, sinon toujours dans les manières, du moins dans les âmes, comme si l’absence de grandes promesses dans leur destinée inspirait à celles-ci la méfiance d’elles-mêmes, et quiconque y fait preuve d’un certain orgueil obtient le silence sur ses pas. Au surplus, l’agrément que goûtait Hélène dans la société de son père l’en avait assez vite rendue insatiable, l’écartant des compagnes de ses premiers jeux qu’elle ne rencontrait plus que de loin en loin.

L’amour de l’étude l’absorbait. Sans cesser pour cela d’être simple et vive, elle protestait avec bonheur, par toute sa conduite, contre le vide cérémonieux des froides existences qu’elle voyait, languir autour d’elle. À dix-sept ans moins quelques mois, elle passait, à Rennes, l’examen qui succède à la rhétorique ; pour la philosophie, en juin suivant, elle se laissait intimider et manquait l’oral, mais réussissait à l’automne.

Il fallait l’occuper jusqu’à son mariage. C’était même d’autant plus une nécessité qu’elle n’éprouvait aucun désir d’en hâter l’époque en courant les bals et les chasses. Sur sa demande, son père lui louait un appartement, y mettait quelques meubles et deux domestiques et l’envoyait, accompagnée d’une lointaine cousine, terminer ses études dans la ville de Rennes. Un goût d’enfant pour les diplômes universitaires s’était saisi d’elle tout à coup. Elle voulait obtenir la licence d’histoire. Déjà Quimper avait blâmé ses premiers succès