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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

candidat malheureux à l’École Navale et qui jamais n’avait cessé de se cultiver depuis qu’il naviguait pour le commerce, ne voyait pas sans déplaisir cette incompétence préposée aux études de son seul enfant. D’autre part, la jeunesse, la beauté d’Hélène agissaient sur lui avec force, le caressant, à son insu, de la tête au cœur dans les replis d’un naturel précocement sénile.

Il avait réfléchi, hésité, lutté. L’observation était venue lui prêter son aide et la statistique ses lumières. Dans les unions entre personnes d’âges mal assortis qu’offrait alors la société de la péninsule, il avait relevé celles qui florissaient en regard de celles, moins nombreuses, où s’étaient introduits des dissentiments. Puis, un matin, considérant que la déférence l’obligeait à des formes envers son beau-père, il lui avait communiqué son très vif désir d’épouser Hélène de Kerbrat.

L’excellent homme avait mieux fait que l’encourager.

— Marc a besoin d’une direction, lui avait-il dit, et ce n’est pas de pauvres gens qu’épuise leur chagrin qu’elle peut lui venir, vous absent. Votre choix me paraît judicieux et noble. Vous saurez composer le bonheur d’Hélène, comme autrefois celui, si court, de ma pauvre fille. Si vous le permettez, mon cher enfant, je ferai moi-même la démarche !

Pressentie par son père, qui la laissait libre, Hélène, d’abord, avait bronché sur ce prétendant