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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

naïve inscription d’une gravure ancienne, La belle jeune fille, de son côté, flattait cette passion et déclarait, pour le ravir, d’une voix pénétrée : « Inutile de chercher un parti pour moi, je suis engagée avec Marc ! » Alors, il se jetait contre ses jupes, l’escaladait comme un furieux pour saisir son cou, la tenait embrassée avec effusion.

Elle s’intéressait au bambin. Est-il une fille de dix-huit ans saine et délicate que puisse laisser indifférente un enfant sans mère ? Par la flamme instinctive qui lui brûle le sein, elle sait trop bien ce qu’il lui manque de considérable et de quoi la mort l’a privé. Puis, dans ses réflexions, dans ses manières, Marc témoignait continuellement d’un esprit sauvage dont la vivacité choquait Hélène, mais dont l’accent et l’imprévu lui semblaient exquis, l’attachaient à lui plus encore. « Que tu es mal élevé ! » disait-elle souvent. Cependant, un sourire que décochait Marc, une gentillesse placée à point, comme pour s’excuser suspendait le reproche qu’elle allait poursuivre. Et elle était heureuse enfin d’avoir sa confiance.

On la voyait quelquefois seule à l’Amirauté. C’était les jours où les morsures de ses vieilles douleurs tourmentaient M. de Kerbrat et où lui-même, impérieusement, éloignait sa fille, autant pour l’obliger à se distraire que pour pouvoir, dans son fauteuil, gémir à son aise. Hélène entrait dans le salon, la figure gracieuse, et saluait Mme Cortambert. Mais elle n’avait d’yeux que pour Marc. Il la flairait, la taquinait, lui tirait sa jupe, courait