Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée
245
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

sans lui dire un mot. Rien, pour Hélène, à cette minute, n’existait au monde que l’homme en gris qui s’appliquait à conjecturer le trajet suivi par la balle.

Le pansement terminé, dans le vestibule :

— Eh ! bien, fit-elle, en s’arrêtant, d’une voix pleine d’angoisse.

— Eh ! bien, madame, votre beau-fils l’a échappé belle ! Aucun point sérieux n’est touché. C’est un bonheur, et peu fréquent, nota le médecin, dans les accidents de cet ordre, que le coup soit parti à brûler sa veste. Un peu plus de distance, il était perdu !

— Et tel qu’il est ? dit la jeune femme.

Le docteur sourit.

— Tel qu’il est, dans quinze jours vous l’aurez sur pied. Mais oui, madame, pas davantage, tout au plus quinze jours, et j’en ai vu, dans le même cas, guérir plus vivement ! Si, par hasard, la nuit prochaine était agitée, un peu de quinine, comme j’ai dit. Je reviendrai demain matin. Mes hommages, madame !

Ce fut alors seulement, cet homme parti, qu’Hélène tirée de l’inquiétude qui, depuis une heure, absorbait à l’envi toutes ses facultés, se trouva moralement en présence de l’acte. Mais, déjà, son esprit l’avait qualifié. À l’instant même où, bondissant dans le corridor, elle avait employé le mot d’accident pour crier le malheur à ses domestiques, tout en elle concluait avec certitude à la tentative de suicide. Le revolver, elle le savait, n’était pas chargé, et