Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée
241
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

atteint sans palier toute sa profondeur. Hors d’état de saisir les secrètes raisons d’où sa belle-mère avait tiré sa rude apostrophe, estimant ne l’avoir méritée en rien, par ailleurs déjà déprimé, il eut tôt fait de mettre au compte de l’antipathie ce qu’avait inspiré son furieux contraire. Pour un motif sans doute puissant, mais resté dans l’ombre, il était tout à coup détesté, maudit. Quel besoin d’en chercher une explication ? Surtout, quel besoin d’en gémir ? N’avait-il pas déjà connu pareille infortune ? Dans son esprit, s’établissait, pour le déchirer, une similitude aveuglante entre l’acte d’Hélène renonçant à lui et le traitement jadis reçu de sa vieille maîtresse. Même imprévu, mystère égal, même résolution. Ici et là, l’hostilité la plus déclarée succédant aux transports les plus affectueux. Cependant, à mesure que du parallèle naissaient pour lui les éléments d’une plus vive douleur, son attention se détachait du choc le plus proche pour se donner plus fiévreusement à celui des deux qu’on aurait pu croire moins sensible. C’était comme si, par enchantement, la retraite d’Hélène lui avait démasqué Mme Aliscan. Et dans quel rayonnement elle se dessina ! Qu’elle lui parut belle, tendre et bonne ! Quels reproches il se fit de l’avoir perdue ! Vue à distance, la soumission qu’il avait montrée le révolta comme si n’ayant qu’à vouloir pour vaincre il avait accepté une totale défaite. Ah ! résignation digne d’un sot ! Où en étaient la récompense et les avantages ? Ce docile effacement, loin d’être admiré, n’était-il pas peut-être encore secrètement maudit ? Le feu d’une